L’Association Breaking the silence est sommée de livrer le nom d’un soldat qui a témoigné sous couvert d’anonymat, mettant en lumières les conditions de l’occupation israélienne.
Par Djemaa Chraiti
Breaking the silence («Rompre le silence») a été créée en 2004 par un groupe d’anciens soldats déployés à Hébron (Cisjordanie) et qui dénonce les exactions commises par l’armée israélienne.
Le procureur général veut le nom d’un des soldats qui a témoigné sur la conduite de l’Opération Bordure Protectrice de l’été 2014 dans la bande de Gaza.
L’association, pour sa part, juge la demande inacceptable et dénonce une tentative d’entraver son action : «Rompre le silence».
L’affaire doit être examinée ce dimanche 22 mai par la cour de Petah Tikva, une juridiction civile spécialisée dans les atteintes à la sécurité de l’État.
«Les règles d’engagement transmises aux soldats furent les plus permissives jamais portées à notre connaissance», y affirment les responsables de l’Ong, qui dénoncent «une politique de tirs indiscriminés» qui fera 2 000 morts lors des 50 jours d’occupation de Gaza et accusent l’armée d’avoir agi en violation de son propre code d’éthique.
Une partie de la droite israélienne reproche à l’association de jeter le discrédit sur l’armée, voire de participer au boycott d’Israël.
Yehuda Shaul a été un de ces soldats entre 2001 et 2004. Après des études dans le lycée talmudique d’une colonie juive de Cisjordanie, il a servi trois ans dans le 50e bataillon de la Brigade Nahal. Porte-parole de l’association, il dénonce «une campagne d’une violence jamais atteinte pour nous faire taire une bonne fois pour toutes» et insiste sur le fait qu’il est impossible de livrer des noms : «Nous avons refusé, car la protection des soldats qui acceptent de témoigner sur leur expérience dans les rangs de l’armée est au cœur de notre activité – tout comme le minutieux travail de vérification auquel nous nous livrons avant de publier leurs témoignages.»
Cette pression a pour but d’ostraciser des soldats qui ne font que témoigner de ce qu’ils ont vu et qui décourageront d’autres à révéler ce dont ils ont été témoins. Des témoignages choquants et qui montrent que des soldats à qui on exige de commettre des choses ignobles peuvent être aussi traumatisés que leur victime.
Breaking the Silence demande la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour investiguer sur une variété d’actions menées par les militaires lors de l’Opération Bordure Protectrice en 2014. Bilan sur 50 jours de pilonnage systématique qui ont entraîné la mort de 2 140 victimes palestiniennes dont 500 enfants et plus de 10 000 blessés.
Des témoignages par centaines : «Pourquoi devais-tu lui tirer encore dessus ? Il était déjà mort!»; «Tu mets la pointe du fusil entre les dents et tu tires»; «Nous avons tué des policiers qui n’étaient pas armés!»; «Il fallait tirer sur des gens qui allaient rechercher le corps de leurs morts»
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