Un article signé de notre confrère Lotfi Ben Sassi, publié aujourd’hui sur le site web de ‘‘La Presse’’, estime que Nabil Karoui est le meilleur candidat pour le Palais de la Kasbah.
Lotfi Ben Sassi est un excellent caricaturiste, mais cela l’habilite-t-il à embarquer le journal ‘‘La Presse’’, un journal national financé par les deniers publics, où il officie comme rédacteur en chef, dans un parti-pris politique pour le moins surprenant ?
Libre à Lotfi Ben Sassi de ne pas apprécier les autres candidats dont les noms ont été cités pour diriger le prochain gouvernement d’union nationale, notamment Nejib Chebbi, Kamel Morjane ou autres Neji Jalloul. Mais de là à pondre un article où il fait l’éloge du patron de Nessma TV et de la boîte de communication Karoui & Karoui, il y a un pas qu’il aurait dû se garder de faire. Pour deux raisons au moins : d’abord, parce que son statut de journaliste lui impose d’observer une totale neutralité et de se mettre à égale distance de toutes les parties et de tous les partis; ensuite parce qu’il travaille dans un organe public et, à ce titre, sa neutralité ne doit souffrir aucun écart.
Ce qui est plus grave dans cette affaire, c’est que l’article semble avoir été écrit sous la dictée de principal intéressé, le très intéressé Nabil Karoui en l’occurrence, qui nourrit des ambitions politiques démesurées et, surtout, en flagrante contradiction avec sa position de patron d’un média audiovisuel et d’une boîte de communication et de publicité.
Lotfi Ben Sassi, si tant est qu’il ait écrit lui-même l’article – qu’on nous permette d’en douter –, a tout fait pour perdre de vue cet aspect important de la question pour s’attarder, avec une mielleuse complaisance que l’on croyait révolue depuis l’ère Ben Ali, sur les incommensurables qualités d’un homme d’Etat aux multiples talents qui mériteraient d’être reconnus : Nabil Karoui.
Ce qui donne encore plus de piquant à cette affaire, c’est que Lotfi Ben Sassi collabore ou a collaboré récemment avec l’homme qu’il encense aujourd’hui, et dont il est en quelque sorte un obligé.
I. B.
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