Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a célébré, le 22 juin, son 75e anniversaire, à Paris, où il a présenté aux responsables français le «nouveau» visage de son parti.
Une vidéo de quelques secondes montrant Rached Ghanoouchi entouré des membres de son parti en train de lui souhaiter joyeux anniversaire, a fuité avant d’être partagée par Jawhara FM.
On peut estimer que cette fuite a été minutieusement orchestrée, car chez les islamistes tunisiens, rien n’est laissé au hasard et la politique est souvent réduite à un fait de communication, car ce qu’ils disent est généralement différent de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils font en catimini.
Rached Ghannouchi, en mission de séduction à Paris, du 21 au 24 juin, cherche à faire accréditer, auprès des responsables français, l’idée qu’Ennahdha a changé, même s’il reste fondamentalement fidèle à son référentiel islamiste, et s’inscrit désormais dans une approche civile et moderne de l’action politique.
Ce qui, bien entendu, mérite d’être vérifié et confronté aux faits et gestes de cette smala de barbus qui a habitué les Tunisiens aux faux-semblants et aux mensonges.
Cette visite, qualifiée par le député islamiste Houcine Jaziri de «très réussie et d’excellente», n’a pas eu l’écho souhaité dans les médias de l’Hexagone et on n’a vu, jusque-là, qu’un entretien avec ‘‘Le Figaro’’ et un passage à Radio Soleil, la radio de la communauté tunisienne en France.
Dans toutes ses rencontres, Rached Ghannouchi a expliqué la mutation du mouvement qu’il avait fondé il y a 35 ans, et qui a été consacrée par son 10e congrès, en mai dernier.
Cependant, la principale nouveauté issue de ce congrès et sans doute la seule, c’est que le règlement interne d’Ennahdha permet désormais à son président de se présenter aux élections présidentielles de 2019, sans devoir passer par l’aval des instances du parti.
D’ici là, Rached Ghannouchi n’aura «que» 78 ans, soit 8 ans de moins que Béji Caïd Essebsi, l’actuel président de la république, lorsque ce dernier a accédé au Palais de Carthage.
La tournée de Paris, qui sera suivie d’autres déplacements à l’étranger, s’inscrit dans cette stratégie de reconquête du pouvoir en Tunisie et les Nahdhaouis ne s’intéressent plus seulement à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et à la présidence du gouvernement, qu’ils contrôlent déjà largement par le biais de leur allié (et obligé) Nidaa Tounes, mais également à la présidence de la république.
Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant et Ghannouchi et ses hommes semblent avoir un appétit d’ogre.
Z. A.
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