Le collectif de défense de feu Chokri Belaid, ancien dirigeant du Front populaire, a déposé, lundi, une plainte contre le juge d’instruction en charge de l’affaire.
Le collectif accuse Béchir Akremi, le juge d’instruction du Bureau 13, relevant du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, de «complicité de meurtre sur le sol tunisien et homicide volontaire avec préméditation», a annoncé le Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU, Watad), dans un communiqué publié lundi, où il reproche audit juge d’instruction d’avoir clos le dossier malgré les failles dans l’instruction, aussi bien sur le fond que sur la forme, reconnues par la cour de cassation.
Le Watad accuse le juge d’instruction en question de laxisme dans le traitement du dossier de l’assassinat de Chokri Belaid, dans la mesure où il a dissimulé des preuves importantes pouvant être utiles pour aider à la révélation de la vérité et l’identification des auteurs et des commanditaires, estime le Watad.
«Le juge d’instruction en charge de l’affaire d’assassinat de Chokri Belaid cache, délibérément, des aveux relatifs à la dissimulation de deux armes ce qui constitue un acte criminel condamnable», indique le même communiqué. En effet, les investigations ont récemment révélé qu’un individu, A. B., avait indiqué à la police dans un interrogatoire relatif à une autre affaire qu’il avait été chargé par les assassins de Chokri Belaïd (le 6 février 2013) et Mohamed Brajmi (le 25 juillet 2013) de dissimuler les armes du crime.
A B. a avoué avoir jeté à la mer les 2 pistolets et la garde nationale maritime a même dépêché ses forces sur les lieux, une reconstitution des faits a été effectuée et un rapport transmis à Béchir Akremi, qui n’a pourtant jamais convoqué l’intéressé et n’a même pas intégré ledit rapport dans le dossier de l’assassinat de Belaid.
«Parmi les autres manquements, on note la non-audition de l’ancien ministre de l’Intérieur, au moment de l’assassinat, et ancien Premier ministre Ali Larayedh (qui est aussi secrétaire général du parti islamiste Ennahdha, membre de l’actuelle coalition gouvernementale, Ndlr) ainsi que d’autres hauts cadres sécuritaires du ministère de l’Intérieur», précise encore le parti de gauche.
Rappelons que le collectif de défense de Chokri Belaid avait déjà accusé le juge d’instruction du bureau 13 d’avoir entravé la révélation de la vérité sur l’assassinat du «martyr de la nation».
Dans une déclaration aux médias, le 1er mars dernier, l’avocat Ali Kalthoum, membre du comité de défense de Chokri Belaid, avait indiqué que le juge en question refuse toujours de procéder à certaines procédures et que le comité n’exclut pas la possibilité d’annoncer éminemment des «mesures douloureuses», faisant allusion à des poursuites judiciaires contre lui en Tunisie mais aussi, le cas échéant, devant des juridictions internationales.
Le comité de défense de Chokri Belaid estime que la gestion judiciaire du dossier est soumise à des pressions émanant de partis politiques, notamment le parti islamiste Ennahdha, au pouvoir au moment de l’assassinat et dont la responsabilité dans cet acte est souvent soulignée.
Ennahdha est aujourd’hui allié au parti Nidaa Tounes au sein de la coalition gouvernementale mise en place depuis janvier 2015.
I. B. (avec communiqué).
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