Le public de « Carthage hors les murs » a découvert, dimanche soir, deux jeunes chanteuses dont le talent n’a d’égal que l’humilité et la rigueur, l’aisance.
Par Fawz Ben Ali
Les spectacles «hors les murs» se poursuivent en marge de la programmation officielle de la 52e édition du Festival international de Carthage, et ce, à la Basilique Saint Cyprien, située à la lisière du site archéologique de Carthage. Un lieu magique et chargé d’histoire que la direction du festival a décidé d’investir depuis l’année 2015, et où une superbe scène a été installée, offrant une fenêtre sur les dernières créations tunisiennes de musique, de théâtre et de danse, afin de faire valoir des artistes tunisiens peu connus.
Le public de Carthage avait rendez-vous, le soir du dimanche 7 août, avec deux voix féminines exceptionnelles : Mouna Amari et Maroua Kriaa.
Mouna Amari.
Mouna Amari chante pour la paix
La chanteuse et luthiste Mouna Amari, qui a assuré le premier concert de la soirée, fût accompagnée d’un orchestre de 12 instrumentistes. Spécialiste de la restauration des instruments de musique, l’artiste occupe en ce moment le poste de directrice du Conservatoire régional de musique de Sousse, ce qui ne l’empêche pas d’assurer autant de concerts et de consacrer autant de temps à la composition.
Mouna Amari était très émue de se produire devant un public aussi enthousiaste que celui de la Basilique Saint Cyprien, surtout que c’est la première fois qu’elle fait partie de la programmation du Festival international de Carthage.
Rakia Nasser.
En ces temps troubles que connaît le monde, la chanteuse a conçu son spectacle comme une invitation au pardon et à l’amour. «Ce soir, je chante pour la paix», nous a-t-elle dit, habillée en blanc, tel un ange. A sa manière, elle a souhaité apaiser les tensions en nous emmenant vers un monde meilleur à travers des titres comme ‘‘Mazala al-holm» (Reste le rêve) ou ‘‘Kon balsaman » (Soit un baume), un poème d’Ilia Abu Madhi.
Forte d’une formation académique solide, Mouna Amari a su combiner maîtrise vocale, engagement et douceur, et a profité de l’occasion pour présenter un nouveau talent Rakia Nasser, qui a chanté des titres composés par Mouna Amari et écrit par Mouldi Hsin, comme ‘‘Ana kifek’’ (Je suis comme toi), ‘‘Okrob ya asfoura’’ (Approche-toi oisillon), ‘‘Takallam’’ (Parle)… Ce fût une belle découverte.
Maroua Kriaa.
Maroua Kriaa : La plus Yéménite des Tunisiennes
En deuxième partie de soirée, le public a retrouvé la jeune chanteuse à la voix d’or Maroua Kriaa.
Après son passage en 2015 au programme de télé-crochet musical ‘‘Fannan Al-Arab’’, où elle a terminé finaliste, Maroua Kriaa s’est dès lors fait connaître du grand public tunisien et arabe et a arpenté les plus grandes scènes, comme celle du Jazz à Carthage, cette année, où elle fût l’invitée des frères M’raihi. Et voilà qu’elle se fait une place dans le cadre du prestigieux Festival international de Carthage. Elle a d’ailleurs tenu à remercier le directeur du festival Mohamed Zinelabidine, présent parmi le public, pour sa confiance et son soutien aux jeunes.
Ce soir là, Maroua Kriaa nous a concocté un programme riche et varié entre tarab (bel canto arabe) et patrimoine tunisien, ouvrant le bal avec une chanson de Neama ‘‘Zaama ysafi edahr’’ (Le temps sera-t-il plus cément), puis a enchaîné avec sa dernière composition personnelle intitulée ‘‘Sebtak’’ (Je t’ai abandonné). Par la suite, la chanteuse a accueilli son invité, le jeune chanteur et luthiste yéménite Oussama Mahboub, son concurrent dans l’émission ‘‘Fannan Al-Arab’’, qui en est sorti grand gagnant.
Oussama Mahboub et Maroua Kriaa.
Placée sous le thème «Rencontre», la deuxième partie de la soirée fût un moment de partage entre les deux cultures tunisienne et yéménite. Les deux artistes nous ont offert, en duo et parfois en solo, un cocktail du meilleur du chant traditionnel du Yémen, où Maroua Kriaa a encore une fois prouvé sa grande aisance à s’adapter à tous les registres.
Oussama Mahboub a également pris un grand plaisir à accompagner notre jeune cantatrice sur divers airs populaires tunisiens comme ‘‘Kifech khtorli’’ (Comment ai-je pu ?), ‘‘Ma andi wali’’ (Je n’ai personne)…
Maroua Kriaa et Oussama Mahboub ont clôturé la soirée par un hommage au grand chanteur saoudien Mohamed Abdu, en interprétant la plus connue de ses chansons ‘‘Al-Amaken’’ (Les lieux).
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