Mosquée de Maamoura.
Chronique de la bêtise ordinaire : un médecin généraliste de Maamoura refuse d’examiner un patient victime d’un grave malaise parce qu’il a plus urgent à faire : sa prière !
Par Samir Messali
C’est à Maamoura, cette petite ville du Cap Bon, connue pour sa belle plage et surtout pour avoir les trottoirs les plus propres du pays après révolution de 2011 que ce jeune père de famille a choisi de passer ses vacances, accompagné de sa femme et de ses enfants.
Vendredi dernier, vers 13 heures, il est soudainement pris d’un grand malaise. Il avait mal à la poitrine, les bras qui frissonnent et il tombe évanoui. Sa femme, sachant que son mari est plutôt sportif et ne souffrait auparavant d’aucune maladie, s’est affolée. Très vite, sur internet, elle tombe sur le numéro du portable d’un généraliste de Maamoura. Elle l’appelle et pensait avoir beaucoup de chances puisque c’est le docteur lui-même qui était au bout du fil. Mais grande fut sa surprise lorsque ce cher docteur lui signifiait froidement qu’il ne pouvait pas venir pour le moment puisqu’il allait faire… sa prière du vendredi. Elle l’a supplié en lui expliquant que l’état de son mari est très grave et suggéré même de le lui ramener au cabinet. Mais rien n’y fit. Le pieux docteur a tenu bon : sa prière passe avant tout.
Heureusement que la dame a trouvé les moyens de conduire son mari à la clinique de Kelibia, à quelques dizaines de kilomètres de là, où il reçut, à temps, les soins nécessaires.
Un tel comportement est scandaleux de la part d’un médecin qui a fait le serment de considérer la santé de son patient comme le premier de ses soucis. Être un musulman pieux veut dire aussi honorer ses engagements ou faut-il que ce médecin refasse le serment d’Hippocrate devant le mufti de la république ou l’imam de la mosquée du coin pour qu’à ces yeux celui-ci ait plus d’importance?
On peut être compréhensif face à des comportements de certaines personnes peu instruites qui veulent se montrer musulmans ultra pratiquants et appliquent à la lettre tout ce qu’un vague cheikh leur suggère. Mais un médecin est censé être quelqu’un d’instruit qui doit avoir du recul par rapport aux commandements des pseudos doctes de la foi.
Notre généraliste de Maamoura pourrait, à titre d’exemple, se rappeler du verset coranique où il est dit : «Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes» (5-32) et comprendre que sauver une vie humaine vaut mieux que 1001 prières.
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