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Gouvernement Chahed : Un espoir pour la jeune génération

Habib-Essid-et-Youssef-Chahed

Habib Essid va passer le témoin à Youssef Chahed: un passage de génération. 

Laissons les critiques pour l’heure du premier bilan, dans une centaine de jours, et appuyons le gouvernement Chahed, car de sa réussite dépendra la nôtre.

Par Lyes Ben Tara *

Suite à l’annonce de la composition du gouvernement d’union nationale (le samedi 20 août 2016), les critiques ont fusé de toutes parts (dirigeants politiques, société civile, médias, réseaux sociaux, etc.).

Plusieurs partis politiques (représentés ou non dans la formation gouvernementale proposée par Youssef Chahed) ont émis des réserves sur les personnalités proposées à certains portefeuilles ministériels et fait pression sur le chef du gouvernement désigné pour l’inciter à revoir sa copie avant le vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), vote qui semble, d’ailleurs, déjà acquis.

Le nouveau chef de gouvernement (que beaucoup aiment à qualifier, à juste titre, de Premier ministre) a, cependant, résisté aux critiques et aux pressions et décidé de maintenir la formation initiale, en donnant rendez-vous, aux journalistes, demain, vendredi 26 août, à l’ARP.

On ne peut satisfaire tout le monde

Tout d’abord, félicitons notre «jeune premier», sans jeu de mot aucun, pour avoir décidé de maintenir la composition initiale de son gouvernement, même si celle-ci n’est pas exempte de tout reproche. Il a voulu éviter, semble-t-il, le précédent en la matière vécu par son prédécesseur au poste Habib Essid, qui a trop sacrifié à la satisfaction des desiderata des partis.

La mise en place d’un gouvernement d’union nationale est une option qui a été expérimentée par plusieurs pays, notamment lors des périodes de crise, et elle peut être un gage de réussite, même si elle conduit, parfois, à une cohabitation difficile, voire à un échec politique voire à une raclée pour le parti de la majorité aux élections suivantes.

Néanmoins, la présence de jeunes et de femmes est l’un des points forts du gouvernement Chahed, même si on reproche à ce jeune gouvernement un manque d’expertise qu’exigent certains portefeuilles économiques, qui plus est, en des temps de crise.

En termes de représentativité des partis et des organisations qui se sont associés aux consultations et signé la «Déclaration de Carthage», on est loin des exigences d’un gouvernement d’union nationale, eu égard aux divergences existant au sein des partis Nidaa Tounes et Ennahdha, mises en évidence par les déclarations contradictoires des députés et dirigeants de ces deux grandes forces politiques. Mais comme on dit, on ne peut satisfaire tout le monde et les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

Passionné d’Agriculture, je ne voyais pas Samir Ettaieb, un juriste peu familier des questions agricoles, diriger le ministère de l’Agriculture. Saura-t-il mener à bien les négociations de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) entre la Tunisie et l’Union européenne (UE), qui vont porter essentiellement sur la libéralisation des services et de l’agriculture ? Homme de gauche, qui a la fibre sociale, on peut imaginer qu’il se souciera de protéger notre agriculture qui passe par une phase difficile de son évolution.

Le futur ministre de l’Agriculture sera certes appuyé par un secrétaire d’Etat issu du secteur privé (exploitant agricole et éleveur) et qui a fait ses classes dans les prestigieuses écoles agronomiques françaises et les instituts tunisiens de recherche agricole, qui l’aidera à faire de bons diagnostics et à se mettre à l’écoute des agriculteurs, mais le portefeuille de l’Agriculture aurait dû être attribué à un ingénieur agronome-économiste ayant, idéalement, une expérience dans le domaine de la micro-finance, dont le développement est, aujourd’hui, vital pour appuyer les petits exploitants agricoles, qui représentent plus de 90% du monde agricole tunisien.

Rendez-vous dans 100 jours

Indépendamment de toutes les critiques exprimées et des réserves émises par tel ou tem parti politique, la composition de ce nouveau gouvernement est une vraie révolution politique et représente un espoir pour la nouvelle génération, avec un Premier ministre quadragénaire et plusieurs portefeuilles sensibles accordés à des jeunes âgés de 35 à 45 ans.

Ce gouvernement a aussi réussi à attirer quelques experts reconnus à l’échelle internationale et qui ne manquent pas d’expérience, ainsi que de hauts commis de l’Etat, dont la carrière exemplaire et ponctuée de réussites, est enfin couronnée par cette ultime reconnaissance.

On peut imaginer que cette équipe, qui ne manque pas d’ambition, à l’image de son chef, aura à cœur de faire ses preuves et de réussir, ne fut-ce que pour faire taire les critiques, parfois injustes, qu’on ne cesse de lui adresser.

Laissons les critiques pour l’heure du premier bilan, dans une centaine de jours, et appuyons ce gouvernement d’union nationale, car de sa réussite dépendra la nôtre et celle de notre pays qui avance sur la voie de la démocratie et qui a besoin, aujourd’hui, de conforter ses avancées politiques par des réussites économiques et sociales.

* Analyste financier.

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