Mauvaise nouvelle pour la Tunisie, qui s’apprête à accueillir une conférence internationale sur l’investissement : elle recule dans le classement de la compétitivité de Davos.
Par Wajdi Msaed
La présentation du rapport de Davos 2016-2017 et le classement de la Tunisie selon le World Economic Forum ont fait l’objet d’une conférence-débat, mercredi, à la Maison de l’entreprise, siège de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), aux Berges du Lac de Tunis.
Un recul de 55 points en 4 ans
Ce rapport, qui expose un classement de la compétitivité mondiale, est «un document de 399 pages dressant une évaluation annuelle du paysage économique de plus de 138 pays pour 2016-2017 ( 144 pays en 2015 et 140 en 2016 )», souligne Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, faisant savoir que le classement adopté est basé sur l’Indice Mondial de la Compétitivité («Global Competitiveness Index», GCI), qui inclut 114 variables dont 34 sont fournies par les organismes internationaux, en l’occurrence le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) et les 80 restants sont le résultats d’enquêtes d’opinions réalisées auprès des chefs d’entreprises.
Ces variables, poursuit Amed Bouzguenda, composent les 12 piliers de la compétitivité classés en 3 grands groupes. Le 1er concerne les exigences de base, notamment la qualité des institutions et des infrastructures, mais aussi la stabilité macro-économique, la santé ou encore l’enseignement primaire. Le 2e groupe concerne les moteurs de développement ayant trait à l’enseignement supérieur et la formation, le marché des biens, le marché de travail, l’aptitude technologique et la taille du marché. Quant au 3e, il s’intéresse à l’innovation et à la sophistication des affaires.
Sur les 138 pays étudiés par le rapport, le premier rang des économies les plus compétitives revient à la Suisse (avec un score de 5,81) suivie de Singapour (2e – 5,72), les Etats-Unis (3e -5,70), les Pays-Bas (4e – 5,57) et l’Allemagne (5e – avec le même score : 5,57). En bas du classement se trouvent 3 pays africains : le Malawi (134e – 3,08), le Burundi (135e -3,06) et le Tchad (136e – 2,95) et un pays arabe, le Yémen, qui ferme la marche (138e – 2,74).
La Tunisie, pour sa part, a perdu 55 rangs entre 2012 et 2016-2017, note Fayçal Derbel, vice-président de l’Iace. «En effet, après s’être classé 40e en 2012 avec un score de 4,5, notre pays recule pour occuper la 92e pour un score de 3,93 en 2016 et le 95e rang et un score de 3,92 en 2016-2017», révèle-t-il. «Il est ainsi devancé par le Maroc (70e – 4,20) et même l’Algérie (87e -3,98), alors qu’il était classé 1er à l’échelle maghrébine en 2011 et 2e en 2014 après le Maroc», fait-il encore remarquer.
Les causes de la dégradation
Evoquant les facteurs ayant contribué à cette dégradation de la Tunisie dans le classement de la compétitivité mondiale, Fayçal Derbel cite l’indice, à ses yeux déterminant, de l’efficience du marché de travail, en termes de qualité des relations sociales, de flexibilité dans la détermination des salaires, du rapport salaire/productivité et de rigidité en matière de recrutement et de licenciement. Les mouvements sociaux, qui paralysent régulièrement les entreprises, donnant ainsi une image très négative du climat des affaires dans le pays, n’ont guère arrangé les choses.
M. Derbel a évoqué, aussi, les facteurs relatifs au terrorisme, à la criminalité et à la violence, à la qualité du système bancaire, à la transparence et à la bonne gouvernance, ainsi qu’à l’innovation et l’avance technologique, où la Tunisie reste mal notée.
Faudrait-on s’arrêter à ce constat ? Non, répond Mahmoud Ben Romdhane, ex-ministre du Transport, puis des Affaires sociales dans le gouvernement Habib Essid, qui avait eu à gérer les agitations sociales, dont il connaît les tenants et les aboutissants. M. Ben Romdhane, économiste de son état, suggère d’examiner les causes de ce recul inquiétant et de dresser un programme d’action pour redresser la situation.
«Rien qu’une seule action pour chaque pilier et la relance est déclenchée», assure Walid Bel Haj Amor, vice-président de l’IACE, qui rappelle le nouveau cadre législatif dont dispose la Tunisie actuellement, faisant allusion à la nouvelle loi de l’investissement, à la loi sur le partenariat public-privé (PPP) ou encore à celle relative aux énergies renouvelables. «Tout cela constitue un nouveau cadre pour l’investissement et nous sommes en mesure d’espérer une bonne transition économique après la réussite de la transition politique», a-t-il conclu.
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