L’assassinat politique est une question très complexe où s’enchevêtrent droit et politique, laissant persister des zones d’ombre et un épais voile de silence.
Galvaudé par un usage imprudent, répétitif et souvent irréfléchi, l’assassinat politique est un concept attrape-tout, justifiant les interprétations les plus excessives. C’est dire que l’absence d’un texte juridique clair et exhaustif, capable de cerner les contours de ce crime, et l’émiettement criard du dispositif juridique le concernant obstruent sa qualification juridique. Cet arbitraire et ce vide profitent sournoisement aux pouvoirs, qui seraient tentés d’y recourir pour réaliser des desseins politiques.
C’est ce qu’indique Khaoula Zaazaa dans l’avant-propos de son ouvrage en arabe intitulé ‘‘Le crime de l’assassinat politique’’, récemment publié aux éditions Perspectives. Travail académique réalisé en vue de l’obtention du diplôme de master en sciences criminelles, cet ouvrage de 169 pages tente de décortiquer le dispositif législatif tunisien traitant du crime d’assassinat politique, en mettant en relief ses silences, ses insuffisances et ses lacunes.
L’auteure commence par présenter l’histoire du concept d’assassinat politique, avant et après l’indépendance de la Tunisie, durant les premières années de la difficile construction de l’Etat national, marquées par l’assassinat de l’ancien leader du mouvement national Salah Ben Youssef, en 1962, jusqu’à la période succédant à la révolution de janvier 2011, marquée par l’assassinat de deux figures emblématiques de l’opposition, Chokri Belaïd, leader du parti Watad, en février 2013, et Mohamed Brahmi, député à l’Assemblée nationale constituante (ANC), en juillet de la même année.
Khaoula Zazaa reprend les termes de la polémique née entre ceux qui considèrent l’assassinat politique comme un simple crime d’homicide volontaire et ceux qui le rangent dans la catégorie des crimes terroristes. Elle dénonce, à ce propos, la regrettable absence d’une définition claire et précise du crime de meurtre dans le code pénal et la difficulté qu’il y a à dresser une typologie concernant ce type de délit.
L’auteure met ensuite en avant l’imbroglio conceptuel autour de la qualification juridique de l’assassinat politique, de ses spécificités et de ses éléments constitutifs, afin d’aider à une définition juridique plus précise de ce crime.
Dans sa préface à l’ouvrage, le pénaliste Ibrahim Rafai a mis en avant les qualités de la démarche méthodologique suivie par l’auteure, périlleuse et semée d’embûches, a-t-il admis.
En cherchant à délimiter les contours des classifications juridiques de l’assassinat politique, l’auteure a abordé cette question loin du récit narratif, à la fois superficiel et fastidieux, préférant analyser ce délit dans ses spécificités, qualifications et définitions juridiques.
I. B. (avec Tap).
Donnez votre avis