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Caïd Essebsi et l’IVD : Monsieur le président, vous incarnez l’unité nationale!

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Lettre ouverte de l’ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats tunisiens au président de la république Béji Caïd Essebsi à propos des séances d’audition de l’IVD.

Par Abderrazak Kilani *

Invité il y a cinq ans jour pour jour par le Conseil national des barreaux de France (CNB) pour assister à son congrès annuel à Nantes, et devant plus de 5000 confrères, français et invités, j’avais prononcé un discours qui assurait que désormais, grâce à la révolution, la Tunisie a tourné définitivement la page de la dictature et de la tyrannie et que les choses ne seront jamais plus comme avant.

Cette affirmation a recueilli une standing ovation qui a duré plus de cinq minutes.

Depuis, je n’ai jamais cessé d’affirmer avec une forte conviction partout où je passais que mon pays est en train de bâtir sa démocratie, certes lentement mais à pas sûrs.

Tourner définitivement des pages sombres de notre histoire

Aujourd’hui, après deux soirées, fortes d’émotions intenses passées en tant que spectateur attentif des auditions organisées, les jeudi 17 et vendredi 18 novembre courant, par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), plus de doute; mes convictions sont confortées; mon pays est en train de tourner définitivement certaines pages sombres de son histoire et de réaliser un grand pas dans le processus de réalisation des objectifs de la révolution.

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Toutefois, une question à laquelle j’aimerais trouver une réponse convaincante : pourquoi le président de république n’était-il pas présent à cet événement aussi important dans l’histoire du pays? Pourquoi les trois présidents de la république, du gouvernement et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) n’étaient-ils pas présents?

Imaginons quelle belle image aurait-on donné aux millions de téléspectateurs de cette Tunisie, certes petite, mais grande par son histoire et sa révolution, si les trois présidents étaient présents!

Est-ce que on est conscient que réussir le processus de la justice transitionnelle c’est rendre justice aux persécutés et à toutes les victimes de l’ancien régime, mais aussi lancer un message fort de confiance aux investisseurs étrangers que notre pays s’apprête à accueillir à la fin de ce mois (lors de la conférence internationale ‘‘Tunisie 2020’’, prévue les 29 et 30 novembre, Ndlr) ?

A un moment où le pays traverse une grave crise de confiance et connait un climat politique et social qui rappelle certains événements douloureux vécus après l’indépendance, cette occasion des auditions organisées par l’IVD aurait été un moment fort pour permettre au président de la république de passer un message au monde entier que les Tunisiens se sont réconciliés et que la Tunisie a définitivement tourné certaines pages douloureuses de son histoire.

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Les prochaines auditions au palais de Carthage ?

C’est pourquoi et quels que soient les griefs que l’on peut avoir à l’encontre de la présidente de l’IVD (Sihem Bensedrine, Ndlr) et, ne serait-ce que par respect pour les victimes, les martyrs et leurs familles, mais aussi pour nos frères, amis et partenaires qui suivent avec beaucoup d’intérêt cette belle expérience tunisienne, au nom de la réconciliation nationale nécessaire pour l’avancement et le progrès de notre pays, et loin de m’ériger en donneur de leçons, mais en tant que citoyen soucieux de l’avenir de son pays, je me permets de lancer un appel au président de la république, qui incarne, selon la constitution, l’unité nationale, pour accueillir au palais de Carthage les prochaines séances d’audition organisées par l’IVD.

Ce sera un message fort pour rappeler que ce palais a abrité les réunions de crise organisées par Ben Ali avec ses ministres et son staff pour préparer le camouflage de certains assassinats sous la torture en accidents de la circulation de peur des sanctions onusiennes et des poursuites du Tribunal pénal international (TPI). Mais aussi, pour démontrer que ce palais est celui du peuple, que les Tunisiens se sont réconciliés après avoir connu toute la vérité, et, enfin, que la Tunisie mérite la confiance de tous.

Les dates du 17 décembre et 14 janvier prochains seront, à cet égard, les mieux indiqués, car très symboliques du renouveau démocratique de la Tunisie.

* Ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats tunisiens, ancien ministre, ancien ambassadeur.

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