L’Union européenne (UE) cherche à intéresser les Tunisiens : ils seraient soumis à des conditions d’accès en Europe moins contraignantes, mais à condition…
Par Marwan Chahla
Conformément à une nouvelle loi européenne, les Tunisiens devraient accepter, en contrepartie, d’accueillir les demandeurs d’asile refoulés hors de l’UE.
Ce donnant-donnant, déjà évoqué en d’autres occasions, est de nouveau à l’ordre du jour du Parlement européen. La saison s’y prête…
Convaincre la Tunisie
En effet, en cette période de l’année, le flux migratoire des boat-people des rives méridionales de la Méditerranée est à son plus bas: les conditions climatiques, tout naturellement, empêchent les embarcations de fortune de prendre le risque de cette traversée vers le continent européen.
Par temps cléments, plus de 10.000 migrants par mois mettent leur vie en péril. Jusqu’à ce mois de novembre, cette année, l’on a estimé qu’un total de 160.000 migrants clandestins ont tenté cette aventure dangereuse et 3800 d’entre eux sont morts noyés ou ont été portés disparus.
L’UE souhaite tirer profit de cette période de répit pour «mettre un terme au séjour européen de ces migrants illégaux et les renvoyer en Afrique du nord, en tentant de convaincre la Tunisie» de cautionner cette nouvelle approche, indique ‘‘The Express’’.
Selon le quotidien britannique, la raison pour laquelle la Tunisie serait ainsi sélectionnée tiendrait au fait que plusieurs des migrants moyen-orientaux sont, en effet, en train de fuir des zones de guerre, alors que ceux en provenance d’Afrique, et dont le nombre est plus important, voient presque toujours leurs demandes d’asile refusées. «Ainsi, une zone nord-africaine pour réfugiés aurait une portée hautement pratique», commente Patrick Christys, cité par ‘‘The Express’’.
Un accord de réadmission
Dimitris Avramopoulos, le Commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures, fervent soutien de cette idée, a déclaré: «La Tunisie pourrait être le premier pays d’Afrique du nord à bénéficier d’un ambitieux accord de facilitation de visas», ajoutant que, «dans le même temps, la conclusion d’un accord de réadmission aidera à éviter le risque de l’immigration clandestine à partir de la Tunisie et à mieux gérer les conséquences de ce phénomène.»
Le quotidien britannique explique aussi que l’UE ne lésinera pas sur les moyens «pour consolider son soutien» à la Tunisie: déjà, rappelle-t-il, l’UE a mis la main à la poche en accordant à la Tunisie plus 4,8 milliards de dinars tunisiens (MDT) en dons et aide financière et 3,7 MDT en prêts pour le financement de projets d’infrastructure et de développement. Traduire : les Tunisiens, qui ont le couteau sur la gorge, devraient, au moins, avoir la reconnaissance du ventre.
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