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Augmentations salariales : Houcine Abassi droit dans ses bottes

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Selon Houcine Abassi, les négociations des augmentations salariales entre l’UGTT et le gouvernement en sont toujours au même point et aucune offre sérieuse n’a été faite aux travailleurs.

Par Marwan Chahla

Lors d’un entretien mercredi soir El-Hiwar Ettounsi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a rencontré dans la journée le chef du gouvernement Youssef Chahed, a confirmé qu’il y a blocage dans les tractations et et affirmé que le recours à la grève reste envisageable.

Tout en rejetant l’accusation que l’UGTT soit responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers, M. Abassi a indiqué que l’affaire est viciée dès le départ, c’est-à-dire depuis le jour où le ‘‘Document de Carthage’’ a été signé. Selon lui, aucune mention n’a été faite, alors, de l’intention du nouveau gouvernement de reporter les augmentations de salaires accordées par le gouvernement d’Habib Essid: «Personne, lors de la signature du ‘Document’, n’a évoqué cette idée de report des augmentations de salaires. Personne !» Et il insiste: «Un engagement est un engagement, et il doit être honoré», ajoutant qu’«il y va de la crédibilité des gouvernements en Tunisie et de la continuité de la gestion des affaires du pays».

Pas de confrontation avec le gouvernement

Le dirigeant syndicaliste, qui «refuse de parler de confrontation» avec le gouvernement, ne s’est pourtant pas privé de critiquer sévèrement «les arguments officiels» selon lesquels la conjoncture est exceptionnellement très grave, que les travailleurs doivent faire montre d’une plus grande bonne volonté et qu’ils consentent d’autres sacrifices.

Ironisant, il s’étonne que l’actuel gouvernement ait découvert, le jour de la prise de ses fonctions, que la situation économique et sociale du pays est catastrophique. «Soyons sérieux, l’on ne va nous dire que le précédent Premier ministre a géré tout seul, dans la solitude de son bureau, les affaires du pays. Je me permets tout simplement de rappeler à l’opinion publique que plusieurs ministres actuels ont été membres du gouvernement de M. Essid», a-t-il souligné.

Sur les risques d’un impact négatif du blocage des négociations sur la conférence internationale sur l’investissement Tunisie 2020, qui doit se tenir le 29 et le 30 novembre courant, le secrétaire général de l’UGTT n’a voulu rien entendre: pour lui, le recours à «ce type de pression ne sert à rien. Cela ne sert pas l’intérêt du pays.» Il s’agirait, selon lui, d’une tentative de faire porter à la centrale syndicale la responsabilité de la réussite de cet événement international sur lequel le pays compte beaucoup.

Toujours les mêmes qui paient

Le secrétaire général de l’UGTT a également écarté d’un revers de main l’idée selon laquelle il y aurait danger que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les autres créanciers internationaux puissent faire machine arrière et refusent de continuer à soutenir la Tunisie. «C’est facile, me semble-t-il. Allez les voir, a-t-il dit à l’adresse du premier ministre Youssef Chahed, et expliquez leur les choses et ils finiront par comprendre.»

Bref, l’UGTT n’entend pas accorder de sursis au gouvernement Chahed, en lâchant du lest sur ce dossier des augmentations salariales accordées par le gouvernement d’Habib Essid. Pour M. Abassi, il n’est pas acceptable que «ce soit toujours les mêmes qui paient», que l’on demande encore à ceux qui honorent leurs obligations fiscales de faire des efforts supplémentaires ou qu’«un instituteur soit redevable du même montant fiscal qu’un médecin!»

Une pierre dans le jardin des professions libérales (avocats, médecins, architectes, pharmaciens…), qui rechignent encore, eux aussi, à accepter les dispositions de la loi de finances 2017 concernant le paiement de leurs charges fiscales… comme le reste des contribuables.

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