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Les Tunisiens, Ennahdha et l’impensable retour de Ben Ali

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Lorsqu’on voit actuellement une tendance en faveur d’un retour providentiel du président Ben Ali, on commence à se poser sérieusement des questions.

Par Belgacem Snoussi

Les Tunisiens ont la mémoire courte. Il a suffi que Me Mounir Ben Salha, avocat de Zine El-Abidine Ben Ali, le «makhlou3» (destitué), monte au créneau pour le compte de son client pour que beaucoup de Tunisiens se retournent… contre eux-mêmes.

Dans un post Facebook, publié le 23 novembre 2016, Me Ben Salha a commenté le déroulement des séances publiques de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) les accusant de partialité.

On ne peut nier l’esprit malicieux de l’avocat du président déchu, qui profite du sentiment de mal-être général et de cette nostalgie circonstancielle qu’éprouvent les Tunisiens pour la période du règne de Ben Ali pour changer les cornes de Satan en de jolies ailes d’anges, blanches et luisantes. Forcément, il lui faut trouver un bouc émissaire.

Alors, qui de mieux qu’Ennahdha pour jouer ce rôle, mouvement qui a subi des années durant une propagande destructrice encore en vigueur aujourd’hui?

Que reproche-t-on exactement à ce prétendu ennemi de la nation?

Les attaques à la bombe de Monastir et Sousse, en 1987 (1)? Il fallait bien au régime du client de Maître Ben Salha un mobile pour épurer la société tunisienne de ses opposants islamistes qui n’étaient pas, contrairement à ce qu’on peut penser, si clandestins qu’on le dit.

Que reproche-t-on d’autre à Ennahdha? L’attaque de Bab Souika en 1991(1) ? Mohamed Ali Ganzouî, ancien secrétaire d’État chargé de la Sûreté de l’État, a déclaré récemment qu’il n’y a pas de preuves de l’implication directe de la direction d’Ennahdha dans cette attaque.

Lorsqu’on voit que la tendance actuelle est favorable à un retour providentiel du président déchu, on commence à se poser sérieusement des questions. Si la Tunisie allait bien, pourquoi a-t-on risqué notre peau en «dégageant» l’ancien dictateur, un certain 14 janvier 2011? Pourquoi ne donnons-nous pas la chance à une formation, pratiquement la seule à avoir combattu la tyrannie durant plus de trois décennies, de montrer de quoi elle est capable?

Aucune révolution ne porte ses fruits en six ans. Nous avons besoin de plus de temps pour nous redresser, pour nous habituer à ce nouveau climat politique. Ne laissons donc pas cette fausse nostalgie nous faire penser l’impensable.

Notes :

1- Le 2 août 1987, des bombes artisanales ont explosé dans des hôtels de Sousse et de Monastir faisant 13 blessés dont 7 Italiens, 4 Britanniques et 2 Allemands (Ndlr).

2- Cette attaque a été perpétrée, le 17 février 1991, par 3 éléments affiliés au mouvement islamiste Ennahdha, dans une permanence du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti au pouvoir), dans le quartier de Bab-Souika, à Tunis. Les deux gardiens avaient été aspergés d’essence et brûlés. L’un d’eux est mort. Le second a échappé à la mort mais il a été gravement brûlé (Ndlr).

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