«La Tunisie n’est pas plus menacée par le terrorisme qu’aucune grande ville d’Europe», a déclaré Hédi Majdoub au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’.
Le ministre de l’Intérieur, en visite au Royaume-Uni, a renouvelé l’invitation de la Tunisie aux touristes britanniques pour qu’ils visitent notre pays et exprimé le souhait que le Foreign Office revoie son interdiction de voyage, en vigueur depuis près d’un an et demi. Pour M. Majdoub, la Tunisie est nettement plus sûre qu’elle ne l’était, au lendemain de l’attaque terroriste contre l’hôtel Imperial Marhaba, à Sousse, le 25 juin 2015.
Le ministre de l’Intérieur insiste que notre pays a parcouru un long chemin, depuis cette tragédie qui a coûté la vie à trente ressortissants du Royaume-Uni. La Tunisie, rappelle-t-il, a consenti d’énormes efforts et réalisé des progrès sécuritaires significatifs.
M. Majdoub renvoie la balle à tous ceux qui, en Europe, hésitent encore à renouer avec la destination Tunisie, posant cette interrogation: «Pensez-vous que les gouvernements français, belge et turc ne vivent pas sous la même menace que nous? Cette menace existe partout dans le monde. Tout simplement, il s’agit de savoir si oui ou non la Tunisie mérite qu’on lui fasse confiance.»
Le ministre de l’Intérieur ajoute: «Nous ne sommes pas en train de dire aux Européens: ‘‘S’il vous plait, venez nous rendre vite. Il n’y a aucun risque, aucune menace, en Tunisie.’’ Non, nous mentirions. Nous reconnaissons qu’il existe encore des menaces dans notre pays – autant qu’ailleurs dans le monde. Cependant, nous sommes disposés à coopérer – sans discontinuer et tant que cela sera nécessaire – sur ce dossier sécuritaire, afin d’offrir la meilleure protection aux visiteurs étrangers, afin d’améliorer les conditions de leur séjour en Tunisie et gagner à nouveau leur confiance.»
A Londres, M. Majdoub a pris rendez-vous avec plusieurs responsables britanniques – notamment, les ministres des Transports et de l’Intérieur – afin de renforcer davantage la coopération entre la Tunisie et le Royaume-Uni dans les domaines sécuritaires. «Pour nous, il ne s’agit pas uniquement d’obtenir du Foreign Office qu’il change son conseil de voyage. Nous souhaitons le rétablissement de la confiance», a-t-il déclaré.
Sur cette question de la lutte antiterrorisme, M. Majdoub a expliqué que l’approche tunisienne a beaucoup changé: «Depuis les attentats de 2015, notre manière de penser et notre manière d’appréhender ce problème ont été revues de fond en comble. Nous avons changé notre stratégie et pris la décision que la meilleure manière de combattre le terrorisme ne devrait pas consister à rester sur la défensive. Non, nous avons opté pour une démarche agressive et proactive. Nous avons restructuré nos services de renseignement. Nous avons mis œuvre tout un plan pour garantir la sécurité des vacanciers dans nos villes, hôtels et autres sites touristiques. Cette année, jusqu’ici, nous n’avons enregistré aucun incident regrettable. Cela dit, nous sommes conscients qu’il ne faut pas que nous nous endormions sur nos lauriers. Nous savons que la route est longue. C’est vrai que nous avons accompli des succès, mais je préfère me concentrer sur ce qu’il nous reste à faire…»
La Tunisie a fait les premiers pas et plusieurs autres pas encore: elle a écouté les avis des autorités britanniques sur cette question de la lutte contre le terrorisme, elle fait appel aux services d’experts britanniques, européens et américains et elle s’est équipée de mille et une manières et aux prix les plus forts pour combattre la plaie terroriste… Et elle espère, en retour, que certains décideurs européens lèvent leurs interdictions de voyage en Tunisie, qu’ils cessent de «jouer le jeu» des terroristes et de priver notre pays de ressources qui, normalement et naturellement, devraient lui revenir.
Marwan Chahla
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