Les Kataeb Al Qassam, branche militaire du Hamas, portent le deuil de Mohamed Zouari.
Pour avoir exprimé une opinion différente de celle de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), à propos du meurtre de leur collègue Mohamed Zouari, des ingénieurs sont menacés de mort par leurs collègues.
L’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), a fait à une ‘‘Journée de Colère’’, appel jeudi 22 décembre 2016, suite à la mort de Mohamed Zouari, à Sfax *.
Mohamed Zouari, ingénieur en génie mécanique, 49 ans, était étudiant à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax (Enis), mais il a obtenu son diplôme à Damas, en Syrie, où il s’est réfugié pour fuir la répression des islamistes par Ben Ali en 1991. En 2011, il est revenu en Tunisie à la faveur de l’amnistie générale prononcée après la chute de Ben Ali.
L’OIT a fait appel à tous les ingénieurs sur le territoire tunisien de porter le brassard noir, et se rassembler, pour protester contre la mort de leur «collègue».
Jusque-là tout est normal, mais les choses deviennent inacceptables quand ces mêmes ingénieurs, chassent d’autres qui ont refusé de manifester ou de porter le brassard noir, des ingénieurs qui ne partagent pas le même avis que l’OIT et trouvent que celui-ci ne représente pas leur opinion par rapport à l’affaire de Mohamed Zouari.
Une ingénieure tunisienne est menacée de mort (Ilhem Bizid), suite à son refus de porter le brassard noir; une autre est insultée par des membres de l’OIT, suite à son post sur son Facebook, qui exprime son mécontentement face au mouvement de l’OIT, qui ne fait rien pour l’ingénieur tunisien, mais qui cause pour une personne dont les circonstances de la mort et les raisons de l’assassinat ne sont pas encore claires. Sachant que cette même personne fabriquait des armes pour un corps armé étranger, ce qui est interdit par la loi tunisienne.
Suite à un statut Facebook, où ils expriment leur opinion, des membres de l’OIT demandent à ce que cette ingénieure soit poursuivie judiciairement parce qu’elle n’a pas partagé le même avis que la majorité des membres de l’OIT.
Est-ce que la liberté d’expression reste un mythe dans ce pays? Qui est derrière ces menaces de mort, ces insultes, ces appels à la poursuite judiciaire? Quand est-ce que l’acceptation de l’autre va trouver sa place dans notre pays? Doit-on avoir peur de mourir, au de passer le restant de sa vie en prison, parce qu’on a exprimé une opinion différente?
Ces questions, et plus encore sont posées après six ans d’une révolution, dont l’un des buts étaient la liberté d’expression.
Lettre signée par un groupe d’ingénieurs tunisiens.
* Ancien membre de la branche armée du Hamas, le parti islamiste palestinien, assassiné le jeudi 15 décembre 2016, devant chez lui, à Sfax, assassinat attribué – sans confirmation ni revendication – à des agents du Mossad, le service de renseignement israélien (Ndlr).
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