Le déficit de la balance commerciale de la Tunisie a atteint 12,6 milliards de dinars en 2016, mais le gouvernement ne fait rien pour arrêter cette grave dérive.
Par Ezzeddine Saidane *
L’Institut national des statistiques (INS) vient de publier les chiffres du commerce extérieur de la Tunisie pour l’année 2016. Il en ressort un constat grave : notre pays est en train de subir une véritable hémorragie dévastatrice à travers son commerce extérieur, ses importations pour être plus précis.
Le déficit de la balance commerciale est de 12,6 milliards de dinars, soit plus qu’un milliard de dinars chaque mois, et ce malgré la baisse significative du baril de pétrole, sachant que la Tunisie importe plus que la moitié de ses besoins en énergie.
Près de la moitié de ce déficit concerne deux pays seulement. Et ces deux pays ne sont pas en Europe avec laquelle nos échanges (import et export) représentent plus de 75% de notre commerce extérieur. Il s’agit de la Chine et de la Turquie.
Notre déficit commercial avec la Chine était de 3,84 milliards de dinars en 2016. Et personne ne bouge, personne ne réagit. Et qu’est ce nous importons de la Chine? Pas toujours des produits essentiels en tout cas.
Ce déficit colossal avec la Chine doit être géré. Le gouvernement, et notamment le ministère du Commerce, devrait trouver une solution à ce problème. Il existe au moins trois demandes que la Tunisie devrait faire à la Chine afin de rétablir, au moins partiellement, l’équilibre des échanges:
– exiger que la Chine facilite l’accès des produits tunisiens au marché chinois, et donc améliorer nos exportations vers ce pays;
– exiger que la Chine investisse en Tunisie;
– et demander à la Chine des financements, à des conditions préférentielles, ou demander des garanties chinoises pour des crédits obtenus par la Tunisie sur le marché financier international.
Notre déficit commercial avec la Turquie a atteint 1,5 milliard de dinars en 2016. Oui 1,5 milliard de dinars. Et ce déficit est relativement nouveau. Il est apparu après 2011 et la signature d’une convention de libre échange avec ce pays. Cette convention est injuste. Elle est très déséquilibrée. Elle favorise largement l’accès des produits turcs au marché tunisien. Certains des produits concernés ont un effet dévastateur sur notre agriculture et sur notre économie en général. Lorsqu’une convention commerciale s’avère déséquilibrée, il faut la réviser. Mais au sein de notre «gouvernement d’union nationale», le ministre de l’Agriculture (le dirigeant de gauche Samir Taieb) propose la révision de cette convention, mais le ministre du Commerce et de l’Industrie (l’islamiste Zied Ladhari) s’y oppose. Suivez mon regard !!!
En 2016-2017, la Tunisie croule sous une récolte record d’agrumes. Aucune solution n’est proposée à nos agriculteurs, aucune gestion sérieuse de cette crise. Par contre, la Tunisie, dont l’économie est déjà saignée à blanc, continue à importer des bananes à gogo, des ananas, des kiwis, des mangues, et que sais-je encore. Qui peut empêcher, ou même réduire ces importations? L’intérêt de la Tunisie est-il réellement placé au-dessus de certains intérêts particuliers !!! Pourquoi tant de laisser-aller? Pourquoi tant d’égoïsme? Pourquoi tant d’immobilisme?
* Directeur de Directway Consulting.
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