Dans cette tribune, l’émissaire britannique au Commerce explique les avantages qu’a le Royaume Uni à traiter directement avec la Tunisie.
Par Andrew Murrison *
En atteignant les Amériques, en 1519, le navigateur espagnol Hernán Cortès a mis le feu aux bateaux de sa flottille, expliquant à ses équipages abasourdis que cela éliminait pour eux toute possibilité de retourner en Europe et qu’il ne leur restait que l’unique chance d’explorer le Nouveau monde…
La Grande Bretagne est en train de vivre, ces jours-ci, son instant Cortés. Lorsque l’Article 50 entrera en vigueur, il n’y aura plus lieu de faire machine arrière. Et c’est tant mieux. Le succès du Brexit ne dépendra pas de l’Union européenne (UE) mais de notre capacité de commercer librement avec tous les marchés – y compris les plus petits d’entre eux.
Actuellement, la cueillette des olives en Tunisie bat son plein. Qu’elles soient vertes ou noires, elles sont superbes, riches et généralement biologiques. Sauf que l’étiquette sur la bouteille d’huile d’olive extra-vierge que je me suis procurée indique qu’il s’agit d’un brassage d’origine UE.
Le système des quotas d’importation de Bruxelles restreint la liberté de choix du consommateur européen, accorde aux revendeurs européens ce privilège de vanter l’insularité européenne et offre la protection de l’ensemble européen contre son invasion par les marchés émergents se trouvant à ses frontières.
Au lendemain des attentats terroristes du Bardo et de Sousse, l’économie tunisienne a beaucoup compté sur ses exportations d’olives et d’huile d’olive. Cependant, malgré certaines concessions provisoires faites par Bruxelles pour venir en aide à la Tunisie, ce pays n’est pas autorisé d’exporter librement vers l’Europe. Les agriculteurs du sud de l’Europe ont réussi à ce que cela n’arrive jamais.
Une part importante des quotas d’exportation d’olive accordés à la Tunisie n’est autre que de l’huile non-finie, laissant ainsi une large marge pour les opérations européennes de mise en bouteille et de marketing dont tirent d’importants profits des cartels européens – notamment italiens. Donc, un Etat fragile de l’arrière-cour de l’Europe est en train de se faire exploiter et les consommateurs européens se trouvent obligés de payer leur épicerie à des prix forts.
Il est vrai que ce n’est une bouteille d’huile d’olive dont le prix véritable sera déterminé par une concurrence honnête et transparente qui dynamisera l’économie post-Brexit du Royaume-Uni, mais la conclusion d’un certain nombre d’accords bilatéraux avec des partenaires petits et moyens, comme la Tunisie, aura le mérite de revitaliser le commerce britannique. La réussite du commerce britannique se fera par un millier de petits deals avec des petites entreprises et dans de petits pays.
La capacité du gouvernement britannique et de ses émissaires à décrocher des contrats dans des marchés importants bien établis n’est pas indéfinie; par contre, leur engagement avec des économies de plus petite taille et plus centralisées peut s’avérer comme étant une aubaine.
En cette étape cruciale de l’histoire de notre pays, tout le monde au Royaume-Uni devrait prendre part au redéploiement du commerce britannique. Le dossier des échanges commerciaux devrait être un point permanent inscrit à l’ordre du jour des ministères du Royaume-Uni – du ministère de l’Intérieur, de la Santé, la Défense, l’Education et la Justice, tous les départements…
C’est à nous de choisir entre s’engager pleinement auprès des marchés mondiaux, avec la verve et la vigueur qui caractérisent les souks, ou donner raison aux prophètes de malheur.
Les olives et l’huile d’olive nord-africaines sur les étagères de nos supermarchés nous diront si l’on est sur la bonne voie.
Traduit de l’anglais par Marwan Chahla
*Dr Andrew Murrisson est député conservateur à la Chambre des Communes britannique, pour la circonscription de south-west Wiltshire, sud-ouest de l’Angleterre, depuis 2010. Il a été nommé par Mme Theresa May émissaire au Commerce auprès de la Tunisie et du Maroc.
Source: ‘‘City A.M’’
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