‘‘Dès que je t’ai vu’’, pièce écrite et mise en scène par Salah Felah, jeune homme de théâtre, renferme toutes les caractéristiques d’un spectacle qui mérite d’être vu et revu.
Par Hamdi Hmaidi
Dans cette pièce présentée samedi 4 février 2017 en avant-première au Quatrième Art, à Tunis, l’auteur-metteur en scène et son équipe ont eu le courage d’aborder un sujet dont on n’ose guère parler, bien qu’il soit essentiel dans la vie des êtres humains, surtout au sein d’une société comme la nôtre, tiraillée plus que jamais entre conservatisme et désir de liberté. Il s’agit des relations intimes aussi bien dans leur dimension affective que physique.
Des «confessions intimes»
Le prétexte choisi comme support est celui d’une enquête sociologique menée par un ensemble d’étudiants sous la direction de leur professeur. Formant avec son épouse un couple qui désormais bat de l’aile, celui-ci se prête lui-même au jeu puisqu’il accepte d’ouvrir la porte de sa maison à ces jeunes chercheurs et qu’ils soient interviewés, lui et sa femme.
Les «confessions intimes» réunies auprès de jeunes des deux sexes sont sans équivoque: l’amour, tel qu’il est conçu et vécu par nous autres Tunisiens, est un véritable problème. Autant il rapproche des êtres à la recherche de «l’âme sœur», autant il les sépare quand s’interposent entre eux les tabous, les croyances désuètes, le retour du refoulé, les blocages idéologiques et politiques, sans parler de bien d’autres considérations de toutes sortes.
Salah Felah.
Un hymne à l’amour
Des scènes à la fois émouvantes et édifiantes ponctuent le spectacle. Constitué de récits poignants obtenus par le moyen de la technique du divan, celui-ci révèle des êtres désabusés, brisés, victimes de l’intériorisation des incohérences de notre vécu, de violences subies et de blessures identitaires profondes.
L’enquête menée fait un constat amer. Elle est cependant un hymne à l’amour.
* La pièce est interprétée par Besma El Euch, Béchir Ghariani, Rahma Felah, Aymen Selliti, Rami Zaatour, Talel Ayoub, Nidhal Shili, Besma Baazaoui et Hiba Trabelsi.
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