Photos Jallouli.
‘‘Assabrat’’ (Les Patientes), la dernière création théâtrale de Hamadi Louhaibi, qui s’attaque au sujet tabou de la prostitution, continue sa tournée.
Par Hamdi Hmaidi
Jouée à El Teatro il y a quelques jours, cette production du Centre national des arts dramatiques et scéniques de Kairouan, constitue une pièce importante dans le puzzle du théâtre tunisien d’aujourd’hui.
S’attaquer aux sujets tabous, telle est l’une des fonctions essentielles de l’art dramatique. ‘‘Assabrat’’ l’a fait. En effet, il y est question de la prostitution, mais ni prêche ni leçon de morale. Le traitement du thème y a obéi à un regard purement artistique, qui associe plaisir visuel et invitation à la réflexion.
Ph. Jallouli.
Les symptômes d’une société malade
Trois «travailleuses du sexe», ainsi que leur patronne et son fils, sont délogées du lieu où elles exercent par des extrémistes qui veulent «purifier» la société. Bien que condamnées à l’errance, elles se réunissent sur la place publique pour présenter leurs doléances, crier leur révolte et étaler au grand jour les raisons qui les ont poussées à pratiquer ce métier infamant.
Les récits s’entrechoquent comme des armes affûtées et plantées dans les corps de ces femmes abusées, maltraitées, poussées à l’autodestruction (viols, prostitution, drogue, sévices sexuels…).
Tous les symptômes d’une société malade sont mis à nu à travers ces êtres exposés dans la nudité de leur réalité, écorchés vifs. Bien que les causes qui ont conduit ces femmes à se trouver dans cette situation diffèrent de l’une à l’autre, l’aboutissement étant le même, les récits des itinéraires individuels sont pris en charge par toutes les actrices, à tour de rôle.
Ph. Jallouli.
De la scène à la salle et même à la rue
La transitivité, bien établie sur scène, suggère qu’on peut l’étendre à la salle, et même à la rue. C’est justement ce que dit la fin du spectacle. Les «patientes» (dans tous les sens du terme) exercent désormais dans la rue, se considèrent comme partie intégrante du paysage de la réalité vécue. Ce paysage changera sans doute, lorsque la société aura recouvré sa santé.
‘‘Assabrat’’ est merveilleusement interprétée par Houssem Ghribi, Khédija Baccouche, Mariem Ben Hassen, Rabaa Jallali et Ichraf Timoumi.
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