Angela Merkel promet d’aider la Tunisie, contre une meilleure collaboration dans le rapatriement de ses ressortissants en situation irrégulière en Allemagne.
Dans son podcast vidéo hebdomadaire, samedi 11 février 2017, la chancelière allemande Angela Merkel a lancé un appel auprès des autorités tunisiennes pour qu’elles accélèrent les procédures de renvoi vers la Tunisie ceux d’entre les demandeurs d’asile tunisiens dont les demandes ont été refusées.
Elle s’est également engagée à soulever cette question lors de sa rencontre avec le chef de gouvernement Youssef Chahed, qui effectuera une visite officielle à Berlin, mardi prochain.
Dans cette intervention, Mme Merkel a pris le soin de citer le cas d’Anis Amri, l’auteur présumé de l’attentat au camion-bélier du marché de Noël de Berlin, le 19 décembre 2016, qui a coûté la vie à 12 personnes et blessé 56 autres. Selon la chancelière allemande, ce drame est la conséquence des lenteurs administratives dans la fourniture de documents nécessaires à la déportation du présumé coupable.
«Concernant le cas du terroriste Anis Amri, nous avions eu des difficultés à délivrer un passeport de remplacement – ce document est arrivé avec beaucoup de retard. Cela dit, il faut également reconnaître que Amri a fourni plusieurs identités [pas moins de six, ndlr]. Par conséquent, nous essaierons de voir comment nous pourrions, à l’avenir, faire de telle sorte que ce travail s’effectue avec plus de célérité, surtout lorsqu’il s’agit d’une menace à la sécurité publique», ajoute Angela Merkel dans ce podcast.
«Je sais aussi que le gouvernement tunisien a une attitude positive et qu’il est tout à fait disposé à améliorer la coopération entre nos deux pays sur ce dossier. J’ai eu l’occasion, avant Noël, d’évoquer cette question avec le président Béji Caïd Essebsi et je suis convaincue que, sur ce chapitre, nous améliorerons notre coopération avec la Tunisie», a-t-elle assuré.
Dans ce podcast, Mme Merkel a également réitéré son intention de classer la Tunisie, l’Algérie et le Maroc comme «pays d’origine sûr», en vertu des réglementations allemandes du droit d’asile, de façon à accélérer le processus de détermination du statut de réfugié.
Elle explique que «le taux d’acceptation des étrangers arrivant en Allemagne est très bas. C’est pour cette raison que nous continuons de promouvoir cette idée de la classification de ces pays comme pays d’origine sûrs, au sein du Bundesrat [le Conseil fédéral allemand, ndlr]. Ainsi, la situation légale des demandeurs d’asile est clarifiée plus rapidement – ce qui est une bonne chose car, après un long séjour en Allemagne, l’extradition devient plus difficile.»
En outre, Angela Merkel promet d’aider la Tunisie à faire face à la menace extrémiste et à reconstruire son économie.
Pour des raisons simples, du point de vue allemand, la marge de manœuvre d’Angela Merkel s’est sensiblement rétrécie.
Sa politique de «la porte ouverte» de 2015 soulève de plus en plus d’interrogations au sujet des infrastructures d’accueil et de la menace à la sécurité du pays, entraînant ainsi une poussée de l’inquiétude de l’opinion publique allemande et la montée de la rhétorique populiste anti-migratoire.
En 2016, près de 55.000 personnes étrangères ont volontairement quitté l’Allemagne, alors que 25.000 autres ont été déportées manu militari. Fin 2016, plus de 254.000 étrangers en situation irrégulière ont été sommés de quitter le pays, mais y sont encore…
En cette année d’élections générales, Mme Merkel, son Union chrétienne-démocrate (CDU) et la coalition gouvernementale allemande – avec l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et le Parti libéral-démocrate (FDP) – ne peuvent ignorer la question migratoire.
Marwan Chahla
Donnez votre avis