Radhia Nasraoui a exprimé son indignation quant à la persistance, en Tunisie, des pratiques de torture, de violence et de mauvais traitements 6 ans après la révolution.
La présidente de l’Organisation tunisienne contre la torture (OTCT), qui a présenté, lors d’une conférence de presse, mercredi 22 février 2017, à Tunis, le rapport annuel de son organisation, a déploré la persistance de ces pratiques malgré le discours politique qui dit avoir rompu avec ce genre de pratiques propres aux régimes autoritaires.
Me Nasraoui a confirmé que, contrairement au discours officiel parlant d’actes isolés, la torture demeure toujours une pratique systématique dans les centres de détention et les pénitenciers.
Elle a, par ailleurs présenté, des chiffres qui montrent l’ampleur du phénomène dans cette phase post révolutionnaire. Son organisation a ainsi enregistré, durant l’année 2016, 153 cas de torture, violence et mauvais traitement.
Le district du Grand-Tunis, Bizerte et Zaghouan occupent la première place dans la répartition des actes de tortures avec un taux de 62%, viennent ensuite les gouvernorats du nord-ouest avec 19 %; le centre et le sud avec 12% et enfin le Cap Bon et le Sahel avec 7%.
Me Nasraoui a présenté, en outre, les taux des différents types d’atteintes aux droits humains dans les centres pénitenciers et de détention. La torture vient en première place avec 59%, vient ensuite le mauvais traitement (33%), puis la détention arbitraire (4%) et enfin la menace et la tentative de viol (2%).
Toujours selon les chiffres présentés par Radhia Nasraoui, les postes de police ont occupé la tête du classement des sites où ces atteintes sont le plus pratiquées avec un taux de 36% contre 25% pour les centres pénitenciers, 21% pour les lieux publics et 5% pour les postes de la garde nationale.
La présidente de l’OTCT n’a pas manqué de mettre l’accent sur l’instabilité du climat sécuritaire en relation avec le problème du terrorisme et une conjoncture économique, sociale et politique difficile qui favorisent le recours à de telles pratiques.
Me Nasraoui a insisté par ailleurs sur la nécessité d’activer la loi pénitentiaire et les dispositions du décret 106 de l’année 2011 relatif à l’incrimination de la torture.
Elle a, d’autre part, exposé les actions menées par l’OTCT pour la lutte contre la torture telles que les séances d’écoute des victimes de la torture et du mauvais traitement, dont le nombre a atteint les 150 et les plaintes déposées auprès du ministère publique (45).
L’aide aux victimes de La torture et du mauvais traitement était aussi à l’ordre du jour de la conférence de presse. Me Nasraoui a, dans ce contexte, insisté sur l’importance de la création d’institutions pour l’aide aux victimes de la torture afin de les réhabiliter pour qu’ils puissent se remettre des séquelles physiques et psychologiques causées par la torture.
Abderrazek Krimi
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