Les emplois fictifs se multiplient à la Kasbah et à Carthage : tous les ratés et les has-been peuvent désormais devenir ministres et conseillers, pour peu qu’ils fassent allégeance aux faiseurs de rois.
Par Mohamed Chawki Abid *
Qu’est-ce qui se passe au palais du gouvernement à la Kasbah? L’information burlesque est confirmée cette semaine. Peut-on encore descendre plus bas?
Visiblement, le bizuth Walid Sfar d’Afek Tounes a reçu le feu vert de sa Majesté Hafedh Caïed Essebsi, ci-devant directeur exécutif de Nidaa Tounes, supposé parti de la majorité, pour qu’il soit recruté par le chef du gouvernement Youssef Chahed en tant que conseiller à la présidence du gouvernement chargé du suivi des actions de l’exécutif.
L’heureux élu est en droit de se féliciter pour avoir enfin trouvé un boulot après avoir poireauté sur le marché de l’emploi. Ce faisant, le nombre de chômeurs s’inscrira en baisse.
Notre bizuth ne se sentira pas dépaysé puisqu’il ne sera pas le seul gamin à la Kasbah, Youssef Chahed ayant choisi de s’entourer de jeunes aux cheveux gominés.
Une autre grande pointure vient de rejoindre le Premier ministre de Béji Caïd Essebsi, à savoir le «très honnête» Mohsen Hassan. Afin de récompenser ce raté du ministère du Commerce pour avoir été indulgent avec les importateurs-rentiers, et surtout pour avoir claqué la porte au nez de son boss Slim Riahi, président de l’Union patriotique libre (UPL), qui a rompu récemment avec les Caïd Essebsi pour faire alliance avec Mohsen Marzouk et le Machrou, après 5 ans d’allaitement gratuit, Hafedh Caïed Essebsi aurait ordonné à Youssef Chahed de le prendre en charge à la Kasbah au même titre que Ridha Saïdi et Taoufik Rajhi, embauchés tous les deux sur instructions données par Cheikh Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha, et à l’instar de Slim Chaker, ancien ministre des Finances, bénéficiaire d’un statut de réfugié sans-valeur au Palais de Carthage au rang de ministre.
D’autres emplois de complaisances sont affectés aux supporteurs improductifs planqués dans des institutions de l’Etat, dont on peut citer, à titre indicatif, Lazhar Karoui Chebbi, à la présidence de la république, et Hatem Ben Salem, à la présidence de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), le très inutile et très improductif «machin» rattaché au Palais de Carthage, tous deux au rang de ministre.
Au-delà des fraudeurs qui bénéficient d’une dispense de paiement de leurs contributions fiscales ou d’une suspension de contrôle approfondi sur intervention de nos Princes, les contribuables disciplinés sont tenus de s’acquitter d’impôts supplémentaires conformément aux dispositions fiscales de la loi de finances 2017, pour permettre au trésor public de faire face aux lourds salaires servis aux heureux adjudicataires d’emplois fictifs spécialement créés au sommet de l’Etat.
Encore une fois, la gouvernance de l’État semble être terriblement malmenée par un président de la république et son Premier ministre, ce dernier se faisant souvent clochardiser par le môme du premier, comme le confirment les enregistrements fuités cette semaine.
Avec ces décisions «exemplaires» qui se prennent à la tête de l’Etat, que peut-on reprocher au personnel navigant de Tunisair, aux visiteurs du Belvédère, aux syndicalistes de l’Education nationale, et surtout aux concitoyens révoltés de l’arrière-pays?
Ne sommes-nous pas en plein actes de malversation?
* Ingénieur économiste.
Illustration: De haut en bas et de gauche à droite: Walid Sfar, Ridha Saïdi, Taoufik Rajhi, Mohsen Hassan, Lazhar Karoui Chebbi, Hatem Ben Salem et Slim Chaker.
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