L’artisanat, souvent négligé, est un vecteur important de développement régional. Mais les dirigeants politiques ne font pas grand-chose pour le promouvoir.
Par Chokri Mamoghli *
En cette journée nationale de l’habit national («allibes al-ouatani»), je veux rendre hommage aux artisans tunisiens. Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, petits et grands, ceux de la campagne et ceux des grandes villes.
Tous ces talents sont en train de souffrir de la sale concurrence des produits chinois contrefaits et importés illégalement en Tunisie avec la complicité de douaniers véreux.
Ils souffrent également de la chute brutale du tourisme et de la baisse des achats par les Tunisiens.
L’artisanat est un levier de développement et d’intégration économique. Le travail manuel et la valorisation des produits locaux sont des activités que l’on retrouve partout dans le pays, y compris dans les endroits les plus reculés. Le favoriser revient à favoriser le développement régional et à promouvoir les produits du terroir.
L’encouragement de l’artisanat permet de donner des sources de revenus à bien des familles, généralement dans le besoin. Il permet également de préserver l’identité nationale et de cultiver chez les jeunes les canons de l’esthétique ancestrale. Fabriquer un tapis, un couffin, faire de la broderie, filtrer des essences de fleurs… sont des activités auxquelles s’adonnent bien des mamans après avoir envoyé leurs enfants à l’école.
On utilise des mots savants en parlant de développement «inclusif» et patati et patata, alors que des secteurs types qui peuvent concrétiser ces concepts se meurent de l’indifférence ou du manque de savoir-faire des dirigeants.
Y-a-t-il un seul parti qui ait un programme et des idées spécifiques pour ce secteur stratégique qui emploie des dizaines de milliers de tunisiens?
* Docteur en finance, enseignant à l’Université Paris-Dauphine et ancien secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce et de l’Artisanat.
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