Bombardé responsable des affaires politiques à Nidaa Tounes, Borhen Bsaïes se prend déjà pour le sauveur. Vous allez voir ce que vous allez voir !
Par Marwan Chahla
Invité principal de l’émission ‘‘Liman Yajroo fakat’’ (‘‘Pour qui ose seulement’’) de Samir El-Wafi, dans la soirée du dimanche 26 mars 2017, sur El-Hiwar Ettounsi, l’inénarrable figure politico-médiatique Borhen Bsaïes a fait part de l’agenda de sa «nouvelle aventure personnelle» en rejoignant Nidaa Tounes à la tête de son département des Affaires politiques.
Ni plus ni moins, selon Bsaïes, la démarche du Nidaa sera désormais axée sur l’autocritique et l’évaluation transparentes qui permettront au rêve que cette formation politique a suscité, lors de sa création en 2012, de se poursuivre, de se reconstruire et d’être bien présent aux prochains rendez-vous, pour 2019 et bien au-delà.
«Le mensonge est une conduite normale»
Des implosions ou des explosions du Nidaa, Borhen Bsaïes n’en a cure: elles ne sont que des mutations normales, de simples accrocs de parcours, des nuages passagers dont il ne resterait bientôt plus rien. «Tous les partis politiques qui se respectent connaissent cela (…) Mais Nidaa Tounes, qui a souffert de ce genre de crises, les surmontera», rassure l’ancienne vedette de Nessma et d’Attessia, qui explique également aux téléspectateurs que, pour lui, «dans la vie de la personne humaine, le mensonge est une conduite normale.»
Venant de lui, cela coule de source, l’homme ayant élevé le mensonge au rang d’un grand art : il en a même fait un gagne-pain, sous la dictature de Ben Ali, qu’il était payé grassement pour justifier les abus et les travers, et même après, en s’acoquinant avec les nouveaux maîtres du pays, y compris les islamistes, qui étaient, hier encore, ses pires ennemis.
Borhen Bsaies et Samir El-Wafi: la politique des copains et coquins.
Pour répondre à la critique qui lui est adressée au sujet de son revirement sur la promesse de ne plus toucher à la profession médiatique et de ne plus se mêler de la politique, faite en lendemain de la chute de Ben Ali et des poursuites judiciaires lancées contre lui, Borhen Bsaïes a inventé le prétexte «de l’échec des élites.»
Sa justification, ô combien démagogique, est toute prête: «Puisque nous avons échoué, nous avons décidé de nous retirer et de céder la place à la nouvelle élite, à l’élite montante. Nous l’avons laissée agir en toute liberté […] Et qu’a-t-elle fait dans cette position? Vous voyez l’état dans lequel se trouve aujourd’hui le pays…»
Traduire : la Tunisie a besoin de moi pour se redresser ! Cet agitateur au verbe facile et faux, que la modestie n’a jamais étouffé, se croirait presque un homme providentiel.
Il faut donc comprendre que M. Bsaïes et les autres médiocres opportunistes qui viennent de renforcer les rangs de Nidaa Tounes, sont désormais à la manœuvre pour sauver le premier parti de Tunisie – et le pays lui-même!
A ceux qui lui reprochent son arrivisme, qu’il ne renie pas, Borhen Bsaïes répond vertement: «Hier, ces gens-là me demandaient de les inviter à participer à mes émissions télévisées, pour faire entendre leurs voix et les propulser politiquement. Ils ont oublié tout cela, mais cela importe peu.»
A présent, ce menteur professionnel est concentré sur la mission qui lui a été assignée par «le parti de M. Béji Caïd Essebsi»: la restructuration de cette formation politique, la refonte de son modus operandi et la sortie de crise. «Beaucoup de travail nous attend et aucun détail ne sera laissé au hasard», assure-t-il, annonçant que cette «autocritique, la première du genre» se fera en toute transparence, car «on y parlera du financement des partis politiques, des lobbys, de la succession politique et tant d’autres choses que d’autres n’osent pas évoquer…»
De Ben Ali à Caïd Essebsi
Bref, pour Borhen Bsaïes, les choses sont claires: «Nidaa Tounes, ainsi que je me suis entendu avec Hafedh Caïd Essebsi, devra se reconstruire sur des bases solides, sur le long terme, sur au moins les vingt prochaines années.»
Pour ce qui est du moyen terme, c’est-à-dire les échéances de 2019, et notamment la présidentielle, le magicien Bsaïes suggère la tenue d’une primaire au sein de Nidaa Tounes. C’est ainsi que «le nœud des nœuds» sera dénoué, dit-il. Et de préciser : «Sur une simple présentation de sa carte d’identité nationale, le citoyen tunisien – toutes les appartenances politiques confondues – pourra participer à cette primaire et choisira le candidat du Nidaa à cette élection présidentielle. C’est cette base qui décidera».
«Cette base» que Borhen Bsaïes a (déjà!) rencontrée, dans ses déplacements en compagnie de Hafedh Caïd Essebsi, et qu’il oppose à «l’élite caviar qui pleurniche sur le sort et la perte du Nidaa…».
Bref, voici donc la première entourloupette de la nouvelle tête pensante de Nidaa Tounes: sauver le parti de l’extinction, aider Hafedh Caïd Essebsi à «remonter» la pente de la popularité dans les sondages d’opinion et ouvrir à ce dernier les grilles du Palais de Carthage.
Voilà une mission qui sied à merveille à cet aboyeur professionnel, qui se vend au plus offrant, mais, on le sait, la plus belle femme ne peut offrir que ce qu’elle a, et M. Bsaïes, n’a plus grand-chose à offrir, car il ne pourra plus tromper grand monde sur sa marchandise avariée.
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