Meherzia Labidi / Leila Chettaoui.
Le torchon a brûlé, hier, à l’Assemblée, entre les députées Meherzia Labidi et Leila Chettaoui à propos de l’envoi des Tunisiens pour le jihad en Syrie.
La réunion de la commission d’enquête sur les filières de recrutement et d’envoi des Tunisiens pour le jihad dans les zones de conflits, vendredi 7 avril 2017, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a été moyennement agitée et la tension est montée entre les représentants du parti islamiste Ennahdha, particulièrement Meherzia Labidi, et la présidente de la commission, Leila Chettaoui.
Mme Labidi n’a pas apprécié le fait que Mme Chettaoui ait invité un expert suisse pour parler de son expérience dans ce genre d’enquête, sans consulter ou informer au préalable le bureau de la commission de cette invitation. Et elle a fait part ouvertement de son refus de la méthode de travail de la présidente de la commission qui, selon ses dires, «prend des décisions individuelles».
La députée islamiste a écrit, dans un post publié sur sa page Facebook, que «Leila Chettaoui croit que la commission d’enquête est sa propriété privée. Elle prépare toute seule l’ordre du jour sans consulter le bureau de la commission ni informer ses membres; elle invite qui elle veut et établit une liste d’audition sans le consentement de la commission».
Mme Labidi n’a pas manqué de rappeler, dans le même post, à sa collègue que «le travail parlementaire n’est pas individuel ni aléatoire», et qu’«il repose sur des règles qu’il faut respecter».
La réunion, dont l’ordre du jour était d’établir le calendrier des travaux de la commission pour les prochains mois, ne semble pas s’inscrire dans la vision d’Ennahdha de ce que devrait être l’aboutissement de ses travaux.
C’est pourquoi les membres nahdhaouis de cette commission n’ont pas cessé, depuis sa création, de sauter sur la moindre occasion pour provoquer des polémiques et entraver ainsi l’avancement de l’enquête. En témoigne leur réaction contre la participation aux travaux des députés Mongi Rahoui et Sahbi Ben Fredj, qui, selon les dires de Yamina Zoghlami, ont perdu leur impartialité, condition nécessaire pour statuer au sein de la commission, en se rendant avec une délégation parlementaire en Syrie pour aider à normaliser les relations diplomatiques tuniso-syriennes gelées depuis 2012.
Cependant, les membres d’Ennahdha ne semblent pas en mesure de comprendre qu’avec ce genre de réactions injustifiées, ils ne font que confirmer les suspicions qui planent sur l’implication de certains des dirigeants de leur parti dans les réseaux de recrutement et d’envoi de jihadistes tunisiens dans les zones de conflit.
Par ailleurs, il était prévu que la commission d’enquête établisse, lors de sa réunion d’hier, le programme des visites qu’elle doit effectuer et la liste des ministres et autres responsables qui seront auditionnés dans le cadre de son enquête. Mais, comme on a pu le constater, rien de cela n’a pu être fait, grâce aux éclats de voix de Meherzia Labidi. Et on comprend ses motivations réelles : empêcher la révélation de la vérité sur cette affaire.
Abderrazek Krimi
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