Les indicateurs positifs de City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, ne peuvent que donner le sourire à Mehdi Mahjoub, son directeur général. Portrait d’un winner…
Par Zohra Abid
Vendredi dernier est un jour ordinaire dans les 12.000 m2 du siège de City Cars, concessionnaire en Tunisie de la marque d’automobile sud-coréenne, Kia Motors, inauguré il y a un an dans la zone industrielle du Kram, dans la banlieue nord de Tunis.
La chance appartient aux lève-tôt
Il n’était pas encore 8H30 lorsque le directeur général nous reçoit dans son bureau au 2e étage pour une petite causerie autour d’un café bien corsé.
Le premier étage est réservé aux affaires commerciales et le rez-de-chaussée, d’une superficie de 800 m2, abrite le showroom où sont exposés les nouveaux modèles de l’enseigne. Les premiers clients étaient déjà là.
Ici, tous les employés sont à l’image de leur boss. Matinaux et bosseurs. Il règne un silence studieux de bibliothèque. Le bruit d’une mouche serait entendu. Mais il n’y en a pas. Tout, ici, est lisse, lumineux, propre.
Le tennis pour garder la forme.
Lorsque nous avons demandé à M. Mahjoub le nombre d’unités vendues en 2016, son visage s’est illuminé comme un jour d’été bien ensoleillé. «5.417 unités tous segments confondus. Il y a eu augmentation de 28,5% par rapport à 2015», a-t-il répondu avec cette assurance du golden boy qui n’a pas fini d’étonner ses pairs. Il a cliqué ensuite sur le clavier de son ordi et nous donna le détail des véhicules vendus, année après année : «5.600 (cumul de 2009 et 2010, années du démarrage), 3.411 en 2011, 3.450 en 2012, 3.248 en 2013, 3.978 en 2014, et 4.215 en 2015»
Comment celui est aujourd’hui le porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles est-il venu à City Cars? Mehdi Mahjoub revient sur ses années à l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (Enit). Pour espérer entrer à cette grande école, qui accueille la crème des étudiants tunisiens, il faut avoir de la ténacité et du souffle. Et lui, en a à revendre. «Sur les 500 inscrits en 1ère année, sortent seulement 60 ingénieurs principaux», souligne Mehdi Mahjoub.
Un golden boy qui n’a pas fini d’étonner ses pairs.
Son père Mohamed (alias Noureddine), ingénieur en chimie qui a passé plusieurs années à la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG) à Metlaoui, voulait que son fils, classé toujours parmi les lauréats, fasse des grandes études pour une carrière différente. Mais, le jeune Mehdi avait une idée fixe et tenait à faire ce qu’il aimait, en suivant la branche math/technique. Après son bac obtenu à Sfax en 1988: direction Tunis. «Mon père nous a loué (mon frère étudiant et moi) un studio. Nous y avons vécu chichement: nous prenions le bus jaune pour nos déplacements et nous donnions des cours particuliers pour joindre les deux bouts. C’est bien simple, le jour où j’avais besoin d’un ordinateur pour mon projet de fin d’étude, mon père a dû retirer de mon carnet d’épargne la somme qu’il fallait», se souvient le directeur général de Kia. C’était comme hier. Mehdi Mahjoub, aujourd’hui bien dans ses 47 ans (déjà !), apparaît beaucoup plus jeune. «Oui (sourire), on me donne 38 ans», répond l’enfant de Mahdia.
La fratrie Mahjoub: Rim, Mehdi et ses deux frères Karim et Moez.
Le tennis, sport complet et discipline codifiée
Cette jouvence lui vient en fait du tennis qu’il a, dit-il, pratiqué depuis une quarantaine d’années. «Lorsque nous étions à Metlaoui, où j’ai passé 8 ans (de 5 à 13 ans), il y avait, à la Cité des ingénieurs, Dr Guine qui a remarqué qu’on jouait, mon frère et moi, avec des balles esquintées. Un jour, il nous a offert un contour de balles. C’était un geste fort», se souvient encore Mehdi Mahjoub. «Aujourd’hui, je continue à pratiquer ce sport complet. Je joue avec mon épouse au tennis-club de la rue Alain Savary, à Tunis», ajoute-t-il.
Rim Mahjoub et sa maman.
Le tennisman, qui a toujours été matinal, suit une hygiène de vie stricte et puis, il vient tout juste d’arrêter de fumer. Il est à son bureau de 7H00 à 19H00 d’affilée, «en sautant le repas de midi», précise-t-il. Studieux, organisé et rangé, il n’est pas de ceux qui veillent tard. «Ça s’est toujours passé comme ça dans la famille. « Baba » (mon père) était un lève-tôt. Maman qui travaillait- elle aussi à l’époque-, tout naturellement et nous les enfants : Karim (qui a fait le HEC), et Rim (la députée d’Afek) et Moez, tous 2 médecins. Cette rigueur nous vient en fait de nos parents», explique le patron de City Cars.
Son père Mohamed (alias Noureddine), ingénieur en chimie.
L’ingénieur se rappelle d’un épisode qui l’a beaucoup marqué et dont il se souvient toujours. «La dernière après-midi après 35 de travail, mon père qui, le matin, avait fait la passation, a tenu à terminer la journée et revenir au bureau l’après-midi. Il considérait qu’il était payé ce jour-là et qu’il devrait donc être présent jusqu’à la fin de la journée. Ce geste est resté gravé à jamais dans ma mémoire. Le travail est sacré pour moi comme il l’a été pour mon père», raconte-t-il. «D’ailleurs, c’est moi qui ressemble le plus physiquement à « Baba ». Comme 2 gouttes d’eau», enchaîne Mehdi Mahjoub, interrompu par le tintement de son smartphone. Son fils est au bout du fil, mais rien d’urgent.
Ici, tous les employés sont à l’image de leur boss. Matinaux et bosseurs.
Une route toute tracée
Diplômé en 1994, le jeune ingénieur n’a pas chômé un seul jour. La maison Hertz, alors sous la direction de Hsouna Akrout, avait besoin à l’époque de jeunes compétences. «J’ai intégré le groupe un lundi 12 septembre 1994. J’y suis resté 3 ans et demi. J’ai enchaîné par la suite avec le Groupe de Rafik Kilani. Puis, avec le retour de Akrout junior de France, j’ai réintégré le groupe Hertz pour y rester 4 ans», raconte M. Mahjoub. Et c’est grâce à Hertz, qui était en contact avec des concessionnaires automobiles, dont Renault, que la chance lui a souri. «La mécanique était et est toujours ma passion. Après la privatisation d’Ennakl, l’ancien propriétaire (Sakhr El Materi, Ndlr) a voulu s’entourer de compétences. Le challenge était de redynamiser la société (concessionnaire des voitures Volkswagen, Audi et Porsche, Ndlr). J’ai réussi à mobiliser le même personnel au service du développement du réseau. Parallèlement, j’ai été, depuis 2007, en négociation avec Kia. Nous avons eu l’agrément en 2009 et c’est ainsi que j’ai été nommé DGA de City Cars. L’ouverture a eu lieu, le 7 décembre de la même année à la rue Ali Darghouth à Tunis», se souvient Mehdi Mahjoub.
Soudain, son regard se perd un peu.Il est submergé de souvenirs. «Lorsque j’ai intégré Hertz, je n’étais pas encore motorisé. C’était bien plus tard, je dis bien plus tard, que j’ai passé mon permis. C’était à l’école de conduite de Lotfi Haj Salah à l’Ariana», se souvient l’homme dont la vie est désormais intimement liée aux voitures et à la mécanique.
Mehdi, Olfa, Cyrine et Yassine.
Le bonheur est au foyer
Lorsque Mehdi Mahjoub parle de sa petite famille, son visage s’éclaire d’un bonheur diffus. «Je ne le dis peut-être jamais assez, aussi dois-je toujours le rappeler: je suis fier d’avoir Olfa comme épouse. C’est à l’Enit que j’ai trouvé mon âme sœur. Ça fait 22 ans que nous sommes mariés et 25 ans que nous nous connaissons. Elle aussi a fait le même parcours que le mien et on a toujours partagé les mêmes valeurs. On travaille beaucoup, on voyage ensemble et on joue le tennis ensemble», dit-il, comme dans un rêve, avec le regard apaisé d’un amoureux éternel..
Olfa, la fille de Mohamed Handous de la STIP est CFO à Orange Tunisie, elle est la seule tunisienne parmi les 1000 leaders d’Orange dans le monde. Elle lui a donné 2 charmants enfants : Cyrine (19 ans), qui a eu son bac l’an dernier, et Yassine (16 ans), qui passera l’an prochain le sien.
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