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L’industrie tunisienne menacée par la contrefaçon : Ladhari laisse faire

Alors que les responsables des AMS menacent de fermer leur usine de Sousse, qui ne peut plus tenir face au fléau de la contrefaçon, le gouvernement laisse faire les contrebandiers. 

Par Zohra Abid

Les responsables des Ateliers mécaniques du Sahel (AMS) ont fait part, hier, vendredi 5 mai 2017, au ministre de l’Industrie et du Commerce, Zied Ladhari, de leur malaise face à l’aggravation du fléau de la contrefaçon qui affecte la plupart de leurs produits, de la robinetterie aux couverts de table.

La contrefaçon a, d’abord, frappé de plein fouet, depuis quelques années, les produits de robinetterie fabriqués par les AMS selon les normes internationales, avant d’affecter, depuis peu, les plateaux, marmites, ustensiles et coffrets des couverts de table.

L’industrie tunisienne agonise

Des produits contrefaits frappés du sigle des AMS sont désormais vendus, au vu et au su de tous, à commencer par les autorités publiques, sur le marché parallèle, notamment à Msaken (Sousse) et El-Jem (Mahdia).

C’est ce qu’a déclaré, aujourd’hui, à Kapitalis, Slah Barkallah, directeur général des AMS, ajoutant que tous les ministres qui se sont succédé ces dernières années ont été informés, y compris l’actuel, mais ils ont tous gardé le silence et laissé faire. Ce qui nuit énormément aux intérêts de l’enseigne tunisienne et menace l’existence même de l’usine et l’avenir de ses employés.

Suite à ce silence complice qui a trop duré, l’administration des AMS a décidé d’observer, dans les prochains jours, un sit-in devant le siège du gouvernorat de Sousse. «Ayant été informé de notre décision, le chef de cabinet de M. Ladhari nous a appelé au téléphone, le jeudi 4 mai, pour nous fixer un rendez-vous, le lendemain, avec le ministre. Nous lui avons montré des échantillons de robinetterie et des couverts de table imités en provenance de Chine ou de Turquie. Et des PV d’huissiers de justice qui ont constaté l’importation illégale de ces produits contrefaits. Le ministre a aussi été informé de la tricherie des contrefacteurs, qui indiquent sur la notice des produits contrefaits copiés sur les nôtres qu’ils utilisent de l’inox de 18% de chrome alors qu’ils sont de seulement 15%. Ces faits sont prouvés par les différentes analyses pointues réalisées par des laboratoires. Et cela, bien sûr, est contraire aux normes légales et nuit à la santé», nous a encore expliqué M. Barkallah, ajoutant qu’un grand nombre de couverts contrefaits cancérigènes ont été introduits illégalement en Tunisie et vont être bientôt vendus dans les grandes surfaces tunisiennes.

Zied Ladhari

Le ministre Zied Ladhari, fervent défenseur des intérêts turcs en Tunisie. 

Des réseaux de corruption au sein des services de l’Etat

«Notre cause est devenue nationale. Si on n’arrive pas à mettre fin à la contrefaçon, on va finir par abandonner, mettre les clés sous le paillasson et renvoyer plus de 400 ouvriers», a conclu le directeurs général des AMS, qui ne comprend pas le laxisme des autorités face à ces pratiques criminelles qui portent atteinte à l’industrie nationale et dont les auteurs sont des ressortissants tunisiens, qui plus est, connus nommément et agissant en plein jour.

Rappelons que le ministère de la Santé a été informé, lui aussi, des dangers pour la santé que constituent ces produits contrefaits et n’a pas bougé le petit doigt, lui non plus. Ce qui alimente les suspicions sur l’existence de réseaux de corruption agissant à l’intérieur même des services de l’Etat.

Suite à la rencontre avec les responsables des AMS, Zied Ladhari a promis d’ouvrir une enquête. Encore une, dirait l’autre. Une manière de botter en touche, de gagner du temps et de laisser le temps aux réseaux de contrebande et de contrefaçon de détruire totalement l’industrie nationale… pour que vive l’industrie turque, dont M. Ladhari est l’ambassadeur et l’avocat en Tunisie. Et cela est de notoriété publique.

En attendant, le président de la république Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed ont plus urgent à faire : limoger le ministre de l’Education Neji Jalloul, l’un des rares membres du gouvernement vraiment compétent et patriote.

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