L’ambassade de Suède en Tunisie propose une exposition originale, dont le thème est le reflet du mode de vie du Suédois : les pères en congé parental.
Par Hamma Hanachi
C’est la deuxième opération officielle organisée par l’ambassade de Suède, après sa réouverture depuis 7 mois seulement, après 15 ans d’absence, après la rencontre-débat du 19 janvier 2017 sur le thème «Regards croisés sur la liberté d’expression en Suède et en Tunisie après la Révolution», à l’occasion du 250e anniversaire de la loi suédoise sur la liberté de la presse et la liberté d’information.
Dans les jardins de l’ambassade commune à la Suède et la Finlande, baptisée joliment Dar Nordique, qui longe le lac de Tunis, dans le quartier du même nom, l’ambassadeur de Suède a prononcé un discours d’ouverture soulignant l’importance de cette série de photos intitulée «Swedish Dads» ou «Papas en Suède» signée par le photographe Johan Bävman et produite en collaboration avec l’Institut suédois.
«Une image qui reflète la société suédoise actuelle», insiste l’ambassadeur Fredrik Florén, qui souligne l’intérêt évident des hommes en congé parental. Être à la maison pendant le temps de ce congé avec ses enfants, faire ce que toutes les mères ont toujours fait est une expérience peu commune. Elle est, selon lui, libératrice.
Les encouragements aux congés parentaux
«Le multitâche devient naturel après cette expérience», fait-t-il remarquer, ajoutant que lui-même a eu le privilège d’avoir gardé ses enfants à un âge précoce à la maison pendant 5 mois. Il n’est pas le seul dans ce cas, un nombre croissant de ses compatriotes ont commencé à percevoir les avantages de la prise d’un congé parental pour «développer un lien fort» avec leurs enfants dès la naissance.
Il faut noter que depuis 2002, la Suède a adopté une politique d’encouragement pour pousser les hommes à profiter de ce congé. Aussi sur les 480 jours de congé, 90 jours sont destinés à chaque parent, s’ils ne sont pas consommés, ils seront perdus. De plus, depuis 2008, une réforme de l’assurance parentale a été introduite qui permet aux couples qui partagent équitablement leur congé de bénéficier d’un bonus financier. Le résultat est clair.
Néziha Labidi et Fredrik Florén.
Ce à quoi Néziha Labidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, un nom de ministère long comme un bras qu’elle souhaite changer en ministère de la Vie – ce qui n’est pas à notre avis une mauvaise idée – a répondu par un discours de circonstance : «Les femmes tunisiennes aiment les hommes, parce que chacune d’entre elles aime son père et notre père à tous est le président Bourguiba, le seul dans le monde arabe à avoir donné les droits fondamentaux aux femmes». Son ministère, déclare-t-elle, a préparé des projets de loi dont un relatif au congé parental qui sera soumis à différentes instances et à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à la garde des enfants assurée et assumée par les pères en Tunisie? On croit rêver.
Ceinturant les murs extérieurs de l’ambassade, les portraits captés par Johan Bävman, qui a lui-même été en congé parental, montrent des clichés de pères, jeunes pour la plupart, avec leur enfant, images renforcées par des témoignages édifiants.
On conseillera la visite et la découverte de cette exposition qui révèle un aspect peu connu de l’univers social et familial suédois, aux institutions éducatives et particulièrement aux maris rétifs à… toute «concession» faite aux femmes.
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