Selon un sondage d’opinion réalisé par un institut américain, les Tunisiens s’inquiètent de la morosité économique et sont hostiles à leurs compatriotes combattants à l’étranger.
Un nouveau sondage d’opinion mené par le centre de l’Institut républicain international (IRI) pour les sondages montre que la perception de l’économie par la population tunisienne se situe à un niveau historiquement bas alors que les craintes pour l’avenir du pays perdurent.
«Cette enquête reflète une frustration grandissante en Tunisie par rapport à la situation économique du pays ainsi qu’un pessimisme tenace quant à la trajectoire de celle-ci», a déclaré Scott Mastic, directeur régional de l’IRI pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
«Il est essentiel que le gouvernement prenne des mesures pour surmonter les obstacles entravant la croissance économique et pour rétablir la confiance dans sa capacité à construire un avenir meilleur pour la Tunisie», a-t-il ajouté
Un taux de 89% des Tunisiens qualifie la situation économique de «très mauvaise» ou de «plutôt mauvaise» (respectivement 63% et 26%).
Interrogés sur la meilleure façon d’améliorer l’économie, 85% ont cité la lutte contre la corruption et les pots-de-vin comme étant une «très bonne» option.
L’insatisfaction à l’égard du gouvernement est plus élevée que jamais, 68% des personnes interrogées décrivant la performance du gouvernement comme «très mauvaise» ou «plutôt mauvaise» (respectivement 41% et 27%).
En outre, une majorité écrasante (83 %) estime que le pays va dans la mauvaise direction, ce chiffre correspondant au pic historique enregistré lors de précédents sondages de l’IRI.
Interrogés sur la forte proportion de Tunisiens ayant quitté le pays pour aller se battre en Libye, en Syrie et en Irak, 81% ont affirmé que les Tunisiens ne devraient pas s’engager dans des conflits violents dans d’autres pays musulmans. Sur la façon dont le gouvernement devrait traiter ces combattants étrangers de retour en Tunisie, 25% des personnes interrogées préconisent l’expulsion, 18% disent qu’ils devraient faire l’objet de procès criminels, 15% sont en faveur de l’emprisonnement et 15% veulent leur réhabilitation et leur réintégration dans la société.
«Il est encourageant de constater que, malgré le nombre important de Tunisiens partis se battre avec des groupes terroristes comme Daech, la grande majorité ne soutient pas ces activités», a déclaré Mastic. «Cependant, a-t-il ajouté, une étude qualitative menée récemment par l’IRI à Béja (Tunisie) indique que le mécontentement reflété par ce sondage d’opinion est de nature à exacerber la vulnérabilité à l’extrémisme au sein de la population. Ceci devrait préoccuper tout particulièrement le gouvernement national tunisien.»
Cette enquête a été menée pour le compte du Centre de l’IRI pour les sondages par la société de recherche marketing Elka Consulting, gérée par des Tunisiens, sous la supervision de Chesapeake Beach Consulting. Les données ont été recueillies entre le 19 et le 26 avril 2017 par le biais d’entretiens en face-à-face. L’échantillon se composait de 1.229 Tunisiens âgés de 18 ans et plus. La marge d’erreur globale est de plus ou moins 2,85% au milieu de l’intervalle de confiance à 95%.
Source : communiqué.
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