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La danse du ventre de Rached Ghannouchi à Paris

Un caméléon politique: un Ghannouchi en cache toujours un autre. 

Cherchant à donner une fausse image du mouvement Ennahdha aux Occidentaux, Rached Ghannouchi a, encore une fois, fait la danseuse du ventre à Paris.

Par Hassen Mzoughi

Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, achevait récemment une tournée de quatre jours à Paris. Dans l’objectif notamment de «rassurer» les Français sur «le nouveau visage» de son parti et ses objectifs pour la Tunisie.

Théorie de «la victimisation»

Lors de cette visite, le gourou de Monplaisir, quartier de Tunis où se trouve le siège de son parti, a accordé une interview à la radio France Inter dans laquelle, n’étant pas à un mensonge près et ne craignant pas le ridicule, il a notamment déclaré que «les terroristes sont les enfants de Ben Ali, Moubarak, Saddam, Kadhafi et Bachar» (sic !).

L’année dernière à pareille époque, Ghannouchi avait visité Paris et parlé à la même radio, en affirmant que «les terroristes dans certaines régions arabes sont l’héritage des systèmes Saddam Hussein, Hosni Moubarak, Bachar El Assad, Kadhafi, et Ben Ali.»

Des redites en somme, mais qui dénotent chez Ghannouchi une volonté d’effacer toute trace de l’implication directe (et documentée) de son parti dans la mise en place des conditions de développement de l’extrémisme religieux voire du terrorisme islamiste en Tunisie et dans toute la région.

Ghannouchi continue ainsi d’utiliser la théorie de «la victimisation» qu’il affectionne, ainsi que ses lieutenants, et qui consiste à dire que les terroristes sont des «Tunisiens qui ont grandi dans un système marqué par le despotisme, la dictature, l’exclusion, la pauvreté et la corruption».

Or, aujourd’hui, les dictateurs ont quitté la scène, mais le terrorisme est encore là, plus meurtrier, plus structuré et plus destructeur que jamais. Ce fléau a provoqué la déstabilisation de plusieurs pays, de la Libye au Yémen, en passant par la Syrie et l’Irak, sans parler des attaques meurtrières que les groupes terroristes continuent de mener en Egypte, en Tunisie ou en Algérie.

La chute de la plupart des dictateurs et l’arrivée des partis islamistes au pouvoir, notamment en Tunisie, où ils sont au gouvernement depuis 2012, n’ont rien changé au problème. Elles l’ont, au contraire, aggravé.

C’est, en effet, sous le règne de la «troïka», la coalition gouvernementale conduite par Ennahdha, entre 2012 et 2014, que le nombre de terroristes en Tunisie s’est multiplié. C’est la conséquence de l’arrivée dans le pays, avec la bénédiction des dirigeants islamistes, d’une horde de prédicateurs wahhabites pour embrigader les jeunes et les recruter pour le jihad, en Syrie, en Libye et ailleurs, moyennant des financements des pays du Golfe et, surtout, du Qatar, via une pléthore d’associations dites caritatives, coraniques et autres, autorisées par les deux gouvernements dirigés par les Nahdhaouis Hamadi Jebali et Ali Larayedh.

Victimes de Ben Ali, terroristes de Ghannouchi

En fait, les déclarations parisiennes de Ghannouchi s’inscrivent dans la volonté du parti islamiste tunisien de se donner, surtout à l’étranger, l’image d’un mouvement modéré, moderne et presque laïc. Ce qu’il n’est pas et ne sera jamais, car ses dirigeants autant que ses bases sont nourris au biberon de l’islamisme radical.

Par ces déclarations, où ils tentent de renvoyer la responsabilité du terrorisme à l’ancien dictateur Ben Ali (qui ne gouverne plus depuis 6 ans, faut-il le rappeler ?), Ghannouchi tente de faire oublier les déclarations, moins consensuelles, qu’il avait faites, en 2012, au moment où son parti était au gouvernement. Recevant, cette année-là, un groupe de salafistes jihadistes, il leur avait demandé d’essaimer dans le pays, d’organiser des camps d’embrigadement politique et d’attendre le moment propice où la police, l’armée et l’administration seront enfin «garanties». Traduire : sous le contrôle du mouvement islamiste.

Ghannouchi veut faire oublier aussi sa fameuse déclaration, faite également en 2012, où il affirmait que les salafistes jihadistes étaient ses «enfants» (sic !), lui rappelaient sa jeunesse (re-sic !) et annonçaient une nouvelle culture (re-re-sic !).

Ainsi, donc, après avoir rassemblé autour de lui les «victimes de Ben Ali», qu’il a mobilisés lors de la campagne électorale d’octobre 2011, et pour agresser les laïques, Ghannouchi et ses sbires ont soutenu la montée de l’extrémisme religieux et la constitution de groupes terroristes en Tunisie, qualifiant ces derniers de «musulmans en colère» (ce sont ses mots, et nous n’avons rien inventé).

Plus récemment, il a aussi défendu le droit des jihadistes tunisiens partis guerroyer en Libye, en Syrie, et en Irak à retourner en Tunisie, car, a-t-il expliqué, il ne les considère pas comme des terroristes, tant qu’ils tournent le visage vers la Qibla (la Mecque) pour faire la prière et prononcent la «chahada» (la profession de foi islamique).

Ce sont ces positions et ces déclarations sulfureuses, extrémistes et qui dénotent mieux le fond de sa pensée et de son idéologie islamiste que Ghannouchi évite d’afficher à New York, Paris ou Berlin, dans une volonté de donner aux puissances occidentales une fausse image de son mouvement et du principal objectif de celui-ci, qui est de réinstaurer le califat, c’est-à-dire l’Etat islamique, le même que celui préconisé par Ansar Charia, d’Al-Qaïda et de Daêch.

Cela, les Occidentaux ne devraient, surtout pas, le perdre de vue en se laissant leurrer par les déclarations mielleuses et faussement libérales des islamistes tunisiens.

 

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