La soirée de Zied Gharsa, jeudi dernier, au théâtre de plein air de Hammamet, ne marquera pas les esprits. Les ondes n’ont pas circulé entre lui et son public.
Par Hamma Hanachi
La soirée était attendue, l’artiste encore plus. Jeudi 27 juillet 2017, ciel dégagé, nuit étoilée et une brise bienvenue entre pierre, jardins, mer et musique. L’amphithéâtre est plein comme un œuf, ce qui n’étonne personne tant l’invité-vedette a raffermi durant des années sa notoriété et acquis un public fidèle et nombreux.
Une chorale derrière, cordes et percussions en avant scène, Zied Gharsa au centre, costume blanc et sourire avenant, il trône devant son clavier. «J’ai le trac, cette scène prestigieuse, vous comprenez… J’avais même souhaité qu’il pleuve pour ne pas chanter, j’envie les artistes au cœur de pierre qui osent, etc.»
Discours de circonstance pour tâter le pouls du public. Applaudissements soutenus.
Le public ne mord pas
Départ avec des mouachahats, voix sonnante, puissante et non trébuchante, ça ne manque pas de présence… mais une demi-heure plus tard, on se retrouve au point de départ, ça ne démarre pas, le public ne mord pas. Un solo du violon, mélodique pour changer et Zied reprend le discours.
«Ce sont des paroles de mon ami, de mon fidèle… Ali Ouertani», dit-il et égrène le texte inédit qui évoque à fortes doses d’images dédiées à l’amour de la mère, vivante ou défunte et pathos sans limites, composition du maestro lui-même.
Envolées, trémolos, Zied y met du cœur en appuyant sur les adjectifs, sa voix monte au ciel, des trémolos comme sait les exécuter et ça tombe, un phrasé soigné, des crescendos répétés et des decrescendos, le rythme manque, hélas.
Adhésion timide du public, il n’y a pas d’audace. Il y a comme un danger redouté. Il y a comme du déjà entendu.
Deuxième chanson écrite par le même Ali Ouertani, l’inséparable ami, ça parle du charme d’une femme, belle, unique, éblouissante. Mouvements lents, ondulations… La voix de Zied se déploie à cœur joie, monte au ciel, toujours aussi attaché à ce qu’il chante, sincère et surtout sûr de lui-même, trop sûr.
Le public attend, il attend quoi ? Le moment de participer tiens ! Des standards sans doute, il veut réagir, montrer qu’il est venu pour donner et recevoir des chansons connues, un attachement… Zied comprend, les ondes ne circulent pas entre lui et son public, il s’adresse aux responsables de la lumière : «Montrez-moi le public, lumières sur les gradins, je veux voir… mais c’est un cauchemar!». Le mot de trop. N’a-t-il pas fait de répétitions avec les techniciens?
Son public réclame ceci, demande cela. Vous imaginez les airs sollicités, et Zied y va gaiement ‘‘Trahouija’’ ça danse, ça frétille, ça continue avec les morceaux rythmés ‘‘Ammar…’’, les paroles sont connues, la vedette invite les gens à danser, beaucoup de spectateurs quittent les lieux, un rien désabusés, ils n’ont pas eu leurs doses.
Pourtant Zied nous a habitués à plus de générosité, sa soirée du jeudi ne marquera pas les esprits.
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