Ne pas voter aux prochaines municipales, comme nous y invite Olfa Youssef, c’est laisser nos villes et communes tomber dans les mains du parti islamiste Ennahdha.
Par Adnane Belhajamor *
J’aurais préféré ne pas avoir à contredire et peut-être à contrarier Olfa Youssef pour qui j’ai une réelle amitié intellectuelle.
J’avais déjà compris en marge de certains échanges et discussions qui se sont déroulés à l’occasion de la campagne présidentielle française que nous n’avions pas la démocratie au même niveau de nos priorités respectives. Mais je continuais de l’avoir, cérébralement, à la bonne. Ne faisait-elle pas partie de ceux que j’appelais les «cortiques» tunisiens?
Seulement voilà, entre hier et aujourd’hui, notre Olfa nationale a dérapé une fois puis re-dérapé de nouveau.
Hier, dimanche 6 juillet 2017, elle a annoncé publiquement être pour le boycott des prochaines élections municipales. Elle s’est dite non concernée par le fait que les gens non inscrits sur les listes électorales le fassent avant la date butoir du 10 août courant.
Cela a évidemment engendré une levée de boucliers sur le réseau et des milliers de personnes se sont démarquées de cette position jugée impertinente et dangereuse.
Elle revient à la charge, aujourd’hui, persiste, signe, mais commet la gaffe d’utiliser le mot «collabos» pour qualifier ceux qui sont opposés à sa façon de voir. Le mot a été utilisé tel quel, en français, dans un statut Facebook rédigé en arabe.
Selon la star de notre intelligentsia, ceux qui ne feront pas dans la désertion et qui refuseront de laisser nos villes et communes tomber dans les mains du parti islamiste Ennahdha sont des traîtres et des collabos.
Olfa Youssef nous promet un changement radical prochain, sans nous expliquer comment il débarquera. Il faut juste se tenir à carreau, ne pas voter, ne pas cautionner les élections municipales et avoir la patience d’attendre.
Cela aurait été raconté par un anonyme, on peut l’admettre et mettre sur le compte de l’inculture ou carrément de l’ignorance. Mais lorsque ça vient d’un leader d’opinion supposé appartenir au courant de la démocratie et de la modernité, ça devient très problématique.
Souhaitons que cela ne soit qu’un mouvement d’humeur, conséquent au malaise général qui règne dans le pays.
A ceux nombreux qui ne sont pas d’accord avec Olfa Youssef, je recommande d’éviter les injures et la diffamation. Cela tend l’atmosphère du débat et crée un surplus d’animosité dont on n’a que faire.
* Gestionnaire et activiste indépendant.
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