Les islamistes tombent le masque : ils ne veulent pas de l’égalité des sexes pourtant inscrite noir sur blanc dans le texte de la Constitution qu’ils ont voté.
Par Mounira Aouadi *
Trop de fracas nous étourdit. Trop de malheurs nous engourdit, mais l’actualité nous rattrape inévitablement!
Au hasard de mes flâneries sur le net, j’ai découvert la haine de certains hommes, des jeunes généralement, à l’encontre de la femme comme s’il s’agissait d’un Ovni qui dérange ! Autour d’eux, ni mère, ni soeur, encore moins une épouse ou une fille !
Quelle calamité pour eux que cette «chose» insignifiante à laquelle on sacrifie une journée pour la fêter !
Un inexplicable tollé général
Quel débat suite au discours du président de la république, le 13 août! Ô rage, ô désespoir! Relancer la question de l’égalité dans l’héritage et abroger la circulaire interdisant à la Tunisienne musulmane d’épouser un non-musulman !
Tollé général, ici et sur le Nil ! Eh bien, mes canailles, vous n’y êtes pas allés, comme on dit, avec le dos de la cuillère!
Personnellement, l’amour en héritage me comblerait. Cependant, j’aimerais tant que l’on me dise si les héritages familiaux sont une bénédiction ou une malédiction. Les droits de succession sont dantesques et, parfois, des générations se côtoient, se disputent jusqu’à la génération d’après. Par les temps qui courent, qui peut amasser une fortune pour la léguer à sa descendance?
Chez les bourgeois que l’on nargue, les choses se décantent d’une manière plus limpide et du vivant du père ou de la mère. La fortune peut fondre dans la luxure, un joli minois qui passe et un vieux qui bave et plus d’héritage! D’où une rancoeur tenace !
Dans les milieux ruraux, les choses se corsent et les moustaches s’aiguisent tels des couteaux ! Pourtant, là-bas, c’est la femme qui travaille le plus pendant que son homme ou son frère, l’héritier mâle, sous le palmier, joue à lancer des pierres et à ingurgiter des litres de sirop de thé.
Une mauvaise foi flagrante
Faut-il rappeler l’article 46 de la Constitution ? Il le faut!
L’Etat s’engage à protéger les droits acquis de la femme, les soutient et oeuvre à les améliorer.
L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assurer les différentes responsabilités et dans tous les domaines.
L’Etat oeuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les conseils élus.
L’Etat prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme.
Le président n’a rien inventé ! Et les réactions virulentes dénotent une mauvaise foi flagrante. La Tunisienne ne chôme pas ! Elle travaille à l’extérieur comme à l’intérieur de son foyer! Elle torche les culs, récure casseroles, poêle, évier, carrelage, toilettes, brique, décrasse, s’occupe de la préparation de la boustifaille et des devoirs de la marmaille qu’elle dépose à l’école ou au jardin d’enfants avant de se précipiter au boulot tout en demeurant pimpante! Le quotidien de la femme, quel que soit son statut !
Les islamistes qui se disent modérés pour mieux nous endormir, croient-ils à tort, fulminent ! Rappelez-vous que, pour leur gourou (le président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, Nllr) au visage blême, au teint cireux qui filerait des cauchemars à la mort, la femme ne sert qu’au plaisir de l’homme s’ils savent seulement ce que cette «notion» signifie !
Il aurait mieux valu pour le «calife is no good» et «ès-tafjirat» (l’ex-chef de gouvernement provisoire Hamadi Jebali, Ndlr) qu’il se taise comme la Belle au bois dormant avant de lâcher ses crottes ou qu’il cause comme Robinson sans Vendredi , sans perroquet, sa voix s’insinuant juste par son nez crochu.
Ce minable baragouineur de langues s’est senti obligé de sermonner le président qui a failli en tant qu’homme d’Etat ! Pire, politiquement et moralement incorrect ! N’a-t-il pas juré sur le Coran de respecter la Constitution?
Apparemment, lui qui fut chef du gouvernement – et là, je sanglote – l’ignore totalement. Il ne s’arrête pas là. Il lui impute tous les maux du pays : l’instabilité, le chômage, l’injustice sociale, la corruption, le pouvoir d’achat en déliquescence, les dettes qui s’accumulent, faisant des Tunisiens des mendiants en puissance. Sans oublier le Coran qui ne peut être transgressé, sauf pour voler les deniers publics, appeler au meurtre et faire du pays le plus grand pourvoyeur de terroristes!
Des griefs, il y a tout un paquet ! Et il est sournois. Béji Caïd Essebsi ne cajole-t-il pas la femme en vue des élections présidentielles? Tout comme son «khwemji» (frérot) ghannouchien qui caresse la «hizia» et la «zarzoumia» ! Il est vrai que sous leur gouvernance, nous nous targuions de nager dans le BNB : le bonheur national brut !
«Inexplicables humains, comment pouvez-vous réunir tant de bassesse et tant de crimes?»
Laissons dire le vice-grand imam d’Al-Azhar, son turban l’empêche d’entendre les remous du monde et ses bouleversements.
Laissons aboyer l’opposition égyptienne en la personne d’Adel Mohamed El Samouly, grrrr…, aux positions plus que conservatrices !
La Tunisienne épousant un non-musulman, s’insurge-t-il ? Un juif ? Pourquoi pas si elle peut éviter d’épouser un crocodile du Nil, le plus féroce des carnivores!
Pendant ce temps, quelque part, un ancêtre immobile qui avait dû assister au premier jour de la Création lorgne sans ciller la laideur du monde qui défile au pas de l’oie sous son nez…
Peuchère !
* Journaliste.
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