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Chahed se laissera-t-il impressionner par Ennahdha ?

Les dirigeants islamistes redoutent un passage en force de Youssef Chahed, qui constituerait un gouvernement de combat pour sortir le pays de la crise où eux-mêmes l’ont plongé.

Par Ridha Kéfi

Les dirigeants du parti islamiste Ennahdha gesticulent, fulminent et font bomber le torse pour impressionner ceux qui ne demandent qu’à l’être. En réalité, ils battent en retraite, car ils n’ont jamais été dans une aussi mauvaise posture.

Les islamistes battent en retraite

A l’intérieur, leur mouvement est traversé par de profondes divergences et leur image dans l’opinion est au plus bas.

Démasquée, leur stratégie du double langage n’opère plus et atteint généralement le résultat contraire de celui espéré.

Les Tunisiens sont de moins en moins disposés à leur faire crédit de la moindre crédibilité : ils ont épuisé le capital de confiance en se montrant intéressés, voraces et ô combien solubles dans l’argent. La corruption, ce sont eux qui en sont devenus, aujourd’hui, l’emblème.

A force de chercher la proximité des corrompus de l’ancien régime et de recruter les anciens RCDistes et les ex-Benalistes pour louer leurs services en matière de manipulations et de falsifications de toutes sortes, ils ont fini par camper le rôle du parti scélérat.

Enfin, en s’alliant avec la racaille de Nidaa Tounes, aujourd’hui abandonné par toutes les personnalités qui l’ont créé et qui l’ont porté à la victoire électorale de 2014, ils ont montré leur cynique disposition à composer avec le diable.

Sur le plan international, le mouvement des Frères musulmans dont Ennahdha et membre, bat de l’aile. Isolé, il voit l’étau se resserrer sur lui et les soutiens de la Turquie et du Qatar, de plus en plus embarrassés, ne sauraient leur éviter une nouvelle longue traversée du désert.

Les Nahdhaouis sont dans la même posture, et ils ne le savent que trop, aussi misent-ils sur les prochaines élections municipales pour espérer rebondir ou, tout au moins, en donner l’illusion à leurs troupes déboussolées.

Des gesticulations désespérées

C’est dans cette perspective d’ailleurs qu’ils tentent d’empêcher le chef du gouvernement Youssef Chahed de mener le remaniement gouvernemental auquel il pense, celui que la situation dans le pays exige, celui également que la raison et le bon sens dictent, et qui consiste à éjecter les bras cassés issus des partis, notamment de Nidaa et d’Ennahdha, qui ont montré l’étendue de leur incompétence, et les remplacer par des hommes et des femmes compétents, expérimentés et connaissant les rouages de l’économie et de la gestion publique, les seuls capables d’aider à sortir le pays de l’ornière de la crise où il se morfond depuis plusieurs années.

En sommant Chahed de se contenter de pourvoir les postes ministériels vacants (Education et Finances) et de ne pas toucher à «leurs» ministres (Zied Ladhari, Imed Hammami, Anouar Maarouf et autres Ridha Saïdi) ou à ceux qui leur sont proches, comme le ministre de l’Intérieur Hedi Majdoub, ils ont battu leurs cartes et laissé tomber leurs masques.

En fait, ils craignent un passage en force de Youssef Chahed contre lequel ils ne pourront rien. Et pour cause : ils savent que le chef du gouvernement, qui a lancé la guerre contre la corruption, la contrebande et l’économie parallèle, jouit aujourd’hui d’une grande popularité parmi ses compatriotes et qu’ils ne pourront pas lui retirer leur confiance, non parce qu’ils ne pourront pas réunir le nombre de voix nécessaires pour cela, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais parce qu’un pareil acte politique pourrait leur coûter très cher, en provoquant la colère des Tunisiens qui n’hésiteraient pas à descendre de nouveau dans la rue pour les renvoyer à leurs chimères, comme ils l’ont déjà fait en 2013.

Il faut écouter les Tunisiens : ils en ont marre des Nahdhaouis et de leurs obligés Nidaïstes, et ils sont en majorité favorables à un gouvernement de technocrates capables de prendre les bonnes décisions et d’agir sans calculs politiques pour sortir le pays de la crise. M. Chahed, qu’ils portent aujourd’hui, à bout de bras et dont qu’ils espèrent voir réussir dans sa difficile mission, ne devrait pas les décevoir en constituant un gouvernement de… mafieux en quête de couverture politique.

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