La campagne de lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports public est stérile et vouée à l’échec pour faire face à des siècles de frustration sexuelle.
Par Mohamed Sadok Lejri *
Avec tout le respect que je dois à Dalenda Larguèche, une universitaire pour qui j’ai beaucoup d’estime, je pense que la campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel dans les transports publics qui démarre, aujourd’hui, lundi 25 septembre 2017, à l’instigation du Centre d’études, de recherches, de documentation et d’information sur la femme (Credif) qu’elle dirige, en association avec la Société des transports de Tunis (Transtu), est tout bonnement ridicule.
La frustration sexuelle en question
Vous pensez sérieusement que les slogans qui vont être affichés sur les moyens de transport, des slogans tantôt mièvres et anodins, tantôt agressifs à l’endroit du «mâle», vont avoir un impact sur le jeune de M’nihla ou M’hamdia qui, la nuit, attend que tous les membres de la famille plongent dans les bras de Morphée pour aller se masturber dans les toilettes en fantasmant sur quelque star après avoir maté du porno sur son smatrphone, qui n’est pas encore totalement remboursé ?
Je pense que le seul moyen de faire reculer le harcèlement sexuel est d’atténuer la frustration sexuelle, notamment chez les jeunes.
Dans les sociétés arabo-musulmanes, ce type de frustration bat son plein chez les jeunes et moins jeunes, il est devenu un véritable fléau public. Ainsi, une femme, aussi voilée soit-elle, qui circule toute seule dans la rue, devient invariablement la proie toute désignée de la frustration sexuelle qui ronge ses compatriotes mâles.
Vers une plus grande liberté sexuelle
La solution me semble me semble on ne peut plus évidente : il faut s’affranchir de la tutelle de la morale religieuse et se frayer un chemin vers une plus grande liberté sexuelle. Mais les mentalités pourront-elles suivre?
Le problème, c’est que les Tunisiens sont conservateurs et redoutent comme la peste l’émancipation des corps et des plaisirs. Ils sont persuadés que la libération sexuelle est une porte ouverte au non-respect de la morale et des bonnes mœurs. Ils préfèrent se soulager en enfreignant, de temps à autre, les règles de la morale établie que de vivre dans une société aux «mœurs dissolues» où toutes les femmes deviennent des «putes» qui entretiennent un rapport assumé et décomplexé au sexe.
La libération sexuelle est un passage obligé si l’on veut sortir du vieux dispositif qui sanctifie la morale religieuse et les bonnes mœurs, si l’on veut sortir du vieux schéma qui s’appuie sur la répression sexuelle et qui engendre tant de frustrations. Seul un électrochoc désinhibiteur affaiblira les tabous religieux et sexuels. C’est le seul moyen de faire reculer le harcèlement sexuel dans nos rues et dans les transports publics et d’en finir avec les inhibitions qui sont liées d’une manière consubstantielle à toutes ces frustrations et qui sont à l’origine de tant de névroses en terre d’islam.
Cette campagne de lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports publics ne pose pas le véritable problème, par conséquent c’est une campagne stérile vouée à l’échec. Bref, cette campagne est in fine de l’argent jeté par les fenêtres…
* Universitaire.
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