L’élimination en quarts de finale de la Ligue des Champions 2017 a eu l’effet d’un séisme à l’Espérance, qui pourra coûter sa place à Faouzi Benzarti.
Par Hassen Mzoughi
La sortie par la petite porte de l’Espérance sportive de Tunis (EST) de la prestigieuse compétition continentale n’est pas un simple accident de parcours. Elle est un échec lamentable du staff technique. Et la probabilité d’un divorce avec le coach n’est pas exclue; c’est peut-être même une question d’heures.
Le recrutement de ce technicien en janvier 2017 à la place d’Ammar Souayah avait pour objectif suprême la Champions League 2017. Benzarti a même posé des conditions financières pour ce «contrat à objectif». L’accord de «consécration obligatoire» dans cette compétition conclu entre les deux parties aurait même été consigné dans le contrat. Si l’information se confirme, le départ de l’actuel coach «Sang et Or» n’en devient que plus évident.
Il a berné la direction du club
Certes l’EST a gagné le Championnat de Tunisie en mai 2017 mais elle a été éliminée dans la foulée en demi-finale de la Coupe de Tunisie par l’US Ben Guerdane. Un premier flop «compensé» dans une certaine mesure par le chèque de la Coupe arabe des clubs (2,5 millions de dinars). Benzarti en profitait pour leurrer des dirigeants un peu trop indulgents, malgré les mauvais signes constatés en Coupe arabe, en tournoi de groupes de la Ligue des champions, voire en début de championnat.
Le coup de brique sur la tête des dirigeants et des supporters est venu samedi dernier, 23 septembre 2017 en quarts de finale-retour de la Ligue des champions. Ce jour là, Al Ahly du Caire a mis à nu les faiblesses des «Sang et or» : tactique, physique et surtout mentale. Des secteurs qui sont, jusqu’à preuve du contraire, du domaine de l’entraîneur.
Qu’a-t-il fait pour améliorer par exemple la défense, le compartiment le plus faible de l’équipe? Le résultat est là : 13 buts encaissés en 9 matches de Ligue des champions dont 4 concédés en deux matches qui ont coûté l’élimination de l’EST face à une équipe cairote inférieure à sa devancière des Baraket, Abou Trika, Ghali et Metaab.
Quand on vise un titre majeur comme la Ligue des champions, il faut d’abord une défense impeccable. L’entraîneur italien Marcello Lippi, roi d’Italie et d’Europe avec la Juve et champion du monde avec la sqaudra azzura en 2006, a justement souligné qu’une «bonne attaque peut te faire gagner un match, mais une bonne défense peut remporter un titre».
Le contrat de confiance est rompu entre Faouzi Benzarti et Hamdi Meddeb.
Rupture au moment crucial
Passons sur l’entrejeu que Benzarti a fréquemment retouché après l’arrivée de Ferjani Sassi (désormais relégué sur le banc) puis de Frank Kom, celui-ci ayant été présenté comme le complément idéal de Fousseiny Coulibaly, pour former un duo infranchissable susceptible de «soulager» la défense. Ce duo n’a toutefois pas empêché les Egyptiens de tromper à 4 reprises l’arrière garde «Sang et or».
Le problème c’est que Benzarti a opté pour un groupe restreint (plusieurs joueurs partis comme Hichem Belkaroui et Mohamed Ali Moncer, Elyes Jelassi, Mohamed Zaabia…) au lieu de planifier, pour la Ligue des champions, avec un effectif aussi large que possible, et en tenant compte des contraintes du calendrier sur la durée (méforme, blessures, suspensions). Son choix stratégique s’est avéré injustifié surtout avec la baisse de régime de plusieurs joueurs clés, forcément en raison d’une forte débauche d’énergie et un temps de récupération insuffisant. La rupture s’est produite au moment crucial de la compétition : en quarts de finale contre Al Ahly où l’on a vu une équipe traînant un boulet dans les pieds. Pourtant Benzarti n’a pas hésité à dire après le match aller, en Egypte, que son équipe sera en grande forme au match retour !! On a vu dans quelle tenue physique elle a négocié le match décisif à Radès.
Relations tendues
Hamdi Meddeb a cru jusqu’à la dernière minute à son rêve de remporter une deuxième Ligue des champions. Il n’a pas vu venir la grosse déception, parce qu’il n’a pas perdu confiance, parce que son entraîneur lui «dessinait» une belle image de l’équipe qui va rapidement se débarrasser de ses problèmes. Il croyait à l’exploit encore possible. On comprend aujourd’hui la colère du président du club car un tel échec est irréparable. Il a raison d’être profondément déçu car il pensait avoir tout mis en œuvre pour que son équipe aille vers le podium.
Seulement l’effort financier qu’il a consenti n’a pas été convenablement converti sur le plan des résultats. Plus, le tempérament de Benzarti a semble-t-il détérioré les relations avec quelques joueurs.
Ainsi le coach n’est plus en mesure d’espérer un «rachat», son bilan étant bien en-deçà des objectifs qu’il a lui-même tracé avec la direction du club, moyennant une contrepartie financière conséquente.
Reste à savoir s’il y aurait une séparation à l’amiable, si l’intéressé décide de partir de son propre gré ou alors opterait-on pour la solution radicale : le limogeage quitte à payer le prix fort en prime de départ. Car la cohabitation n’est plus possible après un tel échec retentissant en Ligue des champions.
On dit même que le président du club a déjà une solution de rechange sous la main et qu’il attend juste de liquider le dossier Benzarti. Wait and see…
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