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Tunisie : « Laouar », le sorcier que consultent les politiciens

« Laouar » à El-Kamour.

Les mauvaises habitudes ont la vie dure : comme au temps de Ben Ali, des personnalités politiques consultent un sorcier pour réussir ou faire chuter leurs adversaires.

Un homme d’un certain âge, T. A., surnommé « Laouar » (le borgne) et se présentant comme voyant et sorcier, séduit certains hommes politiques qui lui rendent souvent visite dans un appartement situé au Berges du Lac 2, au nord de Tunis.

T. A. est originaire de Msaken (Sousse) et s’est fait connaître dans la société mondaine, à travers à une certaine D. H., une Tunisienne qui avait fait fortune après son divorce d’un Tunisien qui travaillait dans un casino en France. Cette dame a, aujourd’hui, ses entrées dans certains palais de Tunis et de sa banlieue.

La maison du charlatan ne désemplit pas, et ses «clients» sont souvent ramenés par D. H., qui a tissé sa toile dans le milieu. On compte parmi eux des hauts responsables de l’Etat, des dirigeants de partis, l’opposition y compris.

Tous sont en quête d’un porte-bonheur (« gri-gri » ou « herz » comme on dit chez nous) qui leur ouvre la porte du pouvoir ou les y maintient le plus longtemps possible. Qui veut se faire élire, qui veut être nommé ministre, qui veut prendre la tête d’un parti, ou qui cherche à boucher la voie devant un adversaire redouté… Tous rêvent d’un raccourci, d’une sorte de main de Dieu qui leur déblaie la voie vers le grand destin que, dans leur narcissisme, ils croient tous incarner.

Parmi les clients du borgne, il y a bien sûr ceux qui veulent juste savoir de quoi demain sera fait.

Preuve de l’efficacité présumé du charlatan: certains responsables politiques l’ont appelé en renfort pour gérer des situations de crise, comme le fameux sit-in d’El-Kamour, à Tataouine, qui a failli dégénérer en violences.

Il s’est alors déplacé sur place, toujours flanqué de la fameuse entremetteuse D. H., et lorsque la crise s’est finalement dénouée, dans le courant de juin 2017,  après 2 mois de protestations, il s’est trouvé des gens haut placés pour croire que c’était grâce au borgne!

Voilà, chers concitoyens et chères concitoyennes, où en est la Tunisie, six ans après la révolution…

Yüsra Nemlaghi

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