Un Franco-Algérien, âgé de 33 ans, a été condamné, en Tunisie, à 4 mois et demi de prison pour avoir embrassé sa copine dans une voiture.
N.O, cadre dans une société à Marseille (France), était venu, le 4 octobre 2017, pour passer un weekend, à Tunis, pour voir ses amis et sa petite-amie tunisienne. Le groupe avait passé la soirée au Yuka, une boîte de nuit située à Gammarth, dans la banlieue de Tunis. Les couple avait commandé chacun une bière et ont quitté ensemble l’endroit vers 2 heures du matin.
L’avocat du Franco-algérien, Me Ghazi Mrabet, a donné plus de détails sur cette affaire dans un post publié sur son compte Facebook, hier, jeudi 5 octobre : «Ils s’arrêtent rapidement pour discuter sur la route touristique de Gammarth. Au bout de deux minutes, une voiture de police arrive. Les flics leur demandent leur pièces d’identité. Elle prend son sac. Elle remet sa carte d’identité. Le Franco-algérien ne parle pas un mot en arabe. Son passeport est dans sa valise dans le coffre arrière. Les policiers lui crient dessus de suite, l’insultent et le font descendre de force. Il leur remet son passeport. Ils fouillent ses bagages puis la voiture partout même en dessous des tapis».
Le couple a été ensuite ramené au poste de police et relâché après 20 minutes. Le jeune homme, qui pensait porter plainte contre l’agent et en parler à son ambassade, a fini lui et son amie par signer un PV sous le coup de la menace, raconte l’avocat. Et d’ajouter : «Ils sont transférés en matinée à la maison d’arrêt de Bouchoucha. Ils y passent la nuit du dimanche. Ils comparaissent devant un substitut du procureur, le dimanche à 9h du matin. Oui! J’ai bien écrit dimanche alors que le délai de détention est toujours en vigueur et une prolongation de détention préventive est possible. Le substitut du procureur les auditionne. Ce n’est qu’à cet instant qu’ils apprennent ce que la police leur reproche. Il mentionne le fait que le Franco-algérien ne comprend pas langue arabe. Il qualifie les faits et décide d’émettre un mandat de dépôt contre les deux. Voici les charges retenues contre eux: atteinte à la pudeur, atteinte aux bonnes mœurs, ébriété sur la voie public, tapage, refus de se conformer à un ordre et outrage à un fonctionnaire public pendant l’exercice de ses fonctions. Ils passèrent trois nuits en prison, lui à la prison civile de Mornaguia, elle à la prison des femmes de la Manouba».
N.O. et son amie, qui ont comparu, hier, devant le juge du tribunal cantonal de Carthage ont été condamnés chacun à la prison ferme : 2 mois pour atteinte à la pudeur et 15 jours pour refus d’obtempérer à l’ordre d’un agent de police, 15 jours pour la jeune fille pour état d’ébriété et 2 mois pour le Franco-algérien pour outrage à un fonctionnaire public et atteinte aux bonnes mœurs. Soit au total 3 mois fermes pour elle, 4 mois et demi pour lui.
Selon l’avocat des accusés, cette affaire est montée de toute pièce et le couple est victime d’un système conservateur qui rejette la démocratie et le progrès.
Le Franco-Algérien et son amie Tunisienne ont fait appel de leur jugement et une audience aura lieu dans les prochains jours, a précisé Me Mrabet ajoutant qu’il faudra non seulement les libérer mais également débouter leurs accusateurs parce que le dossier d’accusation est, selon lui,«vide juridiquement au-delà des vices de procédures qui pourraient tout annuler».
L’avocat a saisi l’occasion pour lancer un appel à la société civile pour se mobiliser et défendre les 2 victimes.
E. B. A.
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