Si ce n’est le texte de loi, c’est son esprit et surtout la morale et la logique qui empêchent Hafedh Caïd Essebsi de se présenter à l’élection législative partielle en Allemagne.
Par Farhat Othman *
En effet, de telles élections ont pour rôle d’offrir un député parmi les résidents à l’étranger afin de les représenter au parlement, et non des résidents dans le pays, puisque le député représente toute la patrie nonobstant sa circonscription. Aussi, M. Caïd Essebsi, ne résidant pas en Allemagne, ne peut s’y présenter.
Question d’honneur
On peut ergoter comme on veut, c’est la résidence régulière dans le pays qui constitue la condition sine qua non pour se présenter à de telles élections. Même une ancienne résidence dans un tel pays ne saurait y suffire.
Prétendre le contraire et passer outre, c’est transformer l’opération électorale en une comédie burlesque destinée tout juste à donner l’apparence d’une opération démocratique à ce qui n’est qu’un diktat des autorités; ce qui ne déroge en rien à ce qui avait cours dans le pays sous l’ancien régime.
Il y va de l’honneur des responsables dans le pays chargés, de près ou de loin, de veiller à la moralité de l’acte électoral de ne pas valider la candidature de M. Caïd Essebsi pour absence de qualité. Sauf à estimer que sa condition de fils du président de la République est jugée suffisante pour lui ouvrir droit à un passe-droit. Faut-il alors oser le dire tout haut !
Le droit n’est pas qu’une lettre de loi qu’on peut interpréter à notre guise; il est d’abord un esprit et une logique. Il est surtout une éthique qui nous déshonore si on ne la respecte pas.
Or, l’esprit de la loi et la morale électorale sont bien clairs en matière de scrutin destiné aux résidents à l’étranger; il est lié à la résidence du candidat que cela soit ou non prévu par la loi. Cela tombe sous le sens.
Question d’éthique
La qualité de résidence en Allemagne n’étant pas satisfaite par M. Caïd Essebsi du moment qu’il réside en Tunisie, il n’est pas habilité à postuler à être élu député en Allemagne.
Il est bien temps qu’on arrête de se référer à des lois mal faites ou mal interprétées pour continuer à agir à notre guise, perpétuant les pratiques délétères de l’ancien régime! Il n’est que temps de donner l’exemple en étant éthique. En effet, on ne peut exiger du peuple d’avoir un comportement irréprochable quand ses élites s’en abstiennent.
Aussi, si de lui-même M. Caïd Essebsi ne retire pas sa candidature ou si on ne l’y amène pas, le président de la République, qui est le garant du respect de l’éthique à la base de la République, devrait s’y résoudre et intimer l’ordre à son fils de respecter l’État de droit qu’on veut fonder en Tunisie. Car cela commande un comportement irréprochable au plus haut niveau.
Que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui n’est pas à une incohérence près (ayant déjà permis qu’il n’y ait pas de suppléance lors de la dernière élection) se prononce donc sur l’impossibilité juridique pour M. Caïd Essebsi de se présenter pour défaut de qualité, la résidence étant une condition impérative contrairement à ce qui a été dit, sinon juridiquement, du moins éthiquement. Et qu’on ne l’oublie pas : le droit sans éthique est bien la ruine de la politique.
* Ancien diplomate et écrivain.
Législatives partielles : Hafedh Caïd Essebsi candidat d’Ennahdha
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