Le parti islamiste Ennahdha semble avoir voulu prendre ses distances vis-à-vis des activités de prédication organisées par Habib Ellouze, l’un de ses dirigeants historiques.
Dans un communiqué publié hier, vendredi 3 novembre 2017, à la suite de la réunion de son bureau exécutif, Ennahdha a indiqué qu’en vertu de la loi portant sur l’organisation des partis politiques et des associations, il réitère le principe de la spécialisation dans les affaires publiques et de la séparation entre l’activité politique et la prédication, tel que cela avait été décidé lors de son 10e congrès, en mai 2016.
Le parti a, par ailleurs, indiqué qu’il n’accepte pas que l’un de ses dirigeants préside une activité associative, par allusion, sans doute à Habib Ellouze, son co-fondateur, qui préside l’Association pour la prédication et la réforme et qui organise des camps de prédication, dont le dernier en date, tenu à Zaghouan, le 30 octobre, avait suscité une forte polémique, des activistes de la société civile ayant accusé M. Ellouze, qui est un salafiste extrémiste notoire, de chercher à diffuser un islam radical voire à former et à recruter des jihadistes.
Cette volonté d’Ennahdha de prendre ses distances vis-à-vis de l’un de ses dirigeants historiques est un acte très significatif et qui mérite que l’on s’y arrête.
C’est la première fois, en effet, qu’Ennahdha tient à se dissocier de manière claire et publique des activités de l’un de ses dirigeants. Ce qui signifie que le parti islamiste n’est pas disposé à assumer les conséquences des activités de M. Ellouze, s’il n’a pas, en vérité, des doutes sur la nature même de ces activités et sur leurs réelles visées.
Quoi qu’il en soit, l’ambiguïté demeurera dans le projet même d’Ennahdha, qui ne parvient pas à tracer, comme il le prétend, une ligne de démarcation claire entre le politique et le religieux. Et pour cause : c’est là que réside leur fond de commerce politique.
E. B. A.
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