Mohamed Ali Cherif, un Nigérian de 20 ans, a été torturé et acheté comme esclave en Libye. Il est réfugié au centre du Croissant rouge à Médenine, en Tunisie, depuis le 23 novembre 2017.
Le jeune homme a été invité, hier, mardi 28 novembre 2017, sur le plateau de l’émission ‘‘Oumour Jedia’’, diffusée sur la chaîne privée El-Hiwar Ettounsi.
Selon le récit de Mohamed Ali, un groupe armé l’a enlevé à Tarhounah, à 80 km au sud-est de Tripoli, avec d’autres réfugiés noirs. Il a été torturé puis on l’a filmé et on lui a demandé une rançon de 7.000 dinars libyens, contre sa libération, en menaçant de le liquider en cas de non-paiement.
Le jeune homme a appelé sa mère au téléphone, veuve et élevant seule ses 4 frères et sœurs, qui, selon son récit, a vendu sa maison pour lui envoyer l’argent de la rançon.
Libéré après plusieurs jours, durant lesquelles ses ravisseurs l’ont violenté et humilié, il dit avoir vu les milices abattre ses compatriotes qui n’ont pas pu payer la rançon.
Il s’est ensuite rendu à Tripoli pour travailler mais, quelques jours après son arrivée, il a été de nouveau enlevé puis vendu comme esclave. Le Libyen qui l’a acheté l’a emmené dans une région désertique, où il l’a aussi maltraité et l’a fait travailler dans un domaine agricole.
«J’ai été battu, traité comme un chien et l’homme qui m’a acheté ne me payait pas et me donnait peu à manger», a-t-il raconté, ajoutant qu’après 6 mois d’esclavage, il a été acheté par un autre Libyen, un brave homme qui lui a rendu sa liberté.
Le périple de Mohamed Ali ne s’arrête pas là. A Tripoli, il a durement travaillé et s’est fait arnaquer à plusieurs reprises. Il a tout supporté car il s’était donné un objectif: ramasser l’argent nécessaire pour quitter la Libye et payer une «harga» (traversée clandestine vers l’Europe).
Les passeurs lui ont demandé une somme qu’il a fini par réunir et il est monté à bord d’une embarcation de fortune, la semaine dernière, avec 35 autres Subsahariens, pour se rendre en Europe. Mais il n’était pas au bout de ses peines…
En effet, l’embarcation a échoué et les migrants clandestins sont restés près de 24 heures en mer, certains n’ont pas survécu, d’autres ont été sauvés par l’armée tunisienne qui les a transférés, jeudi dernier, au Centre du croissant rouge de Médenine.
Dans son témoignage poignant, Mohamed Ali a voulu souligner que tous les Libyens ne sont pas comme ses ravisseurs et que ceux qui font du mal aux Subsahariens sont des milices armées. Aussi ne veut-il pas que l’on pense que le peuple libyen dans son ensemble est impliqué dans ces abus contre la dignité humaine.
«Je remercie mes sauveurs et le centre de Médenine où on nous traite enfin comme des humains et on nous respecte. Les Tunisiens sont avenants et accueillants et on nous a beaucoup aidés ici. Que dieu bénisse les Tunisiens qui sauvent des vies et qui nous redonnent espoir», a-t-il conclu.
Y. N.
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