Les propos soporifiques des dirigeants européens à propos de leur soutien à la Tunisie, première véritable démocratie dans le monde arabe, ont aujourd’hui un goût amer.
Par Jamel Dridi
La décision de l’Union européenne (UE) de classer la Tunisie dans la liste des paradis fiscaux va dissuader, dès aujourd’hui, les projets d’investissement étrangers dont le pays a besoin pour relancer son économie, créer des emplois et sortir de la crise où elle se morfond depuis 2011.
Tout potentiel investisseur européen va, en effet, reporter son projet jusqu’au retrait de la Tunisie de cette liste pour ne pas courir le risque d’avoir des complications.
Malgré les assurances du représentant de l’UE en Tunisie, Patrick Bergamini, qui, dans son rôle diplomatique, est tenu d’assurer le service après-vente de la décision incendiaire des 38 ministres des Finances européens, les conséquences économiques sur la Tunisie vont se faire sentir dès le premier trimestre 2018.
En effet, dès à présent, plusieurs aides européennes pourraient potentiellement ne plus être accessibles la Tunisie.
Plus grave, le régime de pénalisation par la surtaxation des flux financiers, annulant l’attractivité du site Tunisie pour les investisseurs, entraînera automatiquement, et dès aujourd’hui, un report des projets des potentiels investisseurs pour 2018 et suscitera le doute ou l’attentisme chez les entreprises européennes en cours d’installation ou déjà installées en Tunisie.
Plus que le message négatif que l’UE vient d’envoyer à la Tunisie, c’est une véritable entrave à l’investissement dans notre pays qui est ainsi mis en place dans la tête des investisseurs potentiels. Et c’est vraiment là où le bât blesse, car si elle voulait détruire l’économie tunisienne et faire échouer sa transition démocratique, l’UE ne serait pas conduite autrement.
Car que reproche Bruxelles à la Tunisie sinon d’offrir des facilités, notamment fiscales, aux investisseurs étrangers pour les inciter à s’installer dans le pays et à créer des emplois pour ses quelques 700.000 chômeurs, dont près de 240.000 diplômés du supérieur ? Ce sont ces chômeurs, souvent de longue durée, qui, par désespoir, se jettent par bateau entiers sur les plages européennes…
C’est cette dure réalité que les Européens, trop obnubilés par les règles qu’ils veulent s’imposer à eux-mêmes et imposer à leurs partenaires, feignent d’ignorer. Si ce n’est pas de l’auto-aveuglement, cela lui ressemble énormément…
Aussi les propos soporifiques des dirigeants européens à propos de leur soi-disant soutien à la Tunisie, première véritable démocratie dans le monde arabe, ont-ils aujourd’hui un goût amer et sonne-t-ils, aux oreilles des Tunisiens, comme un doux mensonge.
La Tunisie pourrait être enlevée de la liste des paradis fiscaux de l’UE
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