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Yassine Ayari ou le triomphe de la médiocratie

Yassine Ayari ira rejoindre Imed Daïmi et Samia Abbou sous la coupole du Bardo. Le spectacle promet des vertes et des pas mûres…

Par Chedly Mamoghli *

En Europe, quand un jeune est partisan de l’idéologie nazie, on dit que c’est un «nazillon». Et bien chez nous, depuis quelques années nous avons son équivalent, quand un jeune est partisan de l’idéologie islamo-fasciste, on l’appelle un «dâchouch» (دعشوش). Yassine Ayari est une parfaite illustration du «dâchouch» tunisien.

Petit «dâchouch» deviendra grand

Mais avant d’être un «dâchouch» et avant toute chose, Yassine Ayari est le plus grand menteur que la Tunisie n’ait jamais enfanté. C’est lui qui a sorti la fameuse intox lors de la semaine fatidique du 10 au 14 janvier 2011 comme quoi le général Rachid Ammar avait dit non à l’ancien président Ben Ali, qui lui aurait demandé de tirer sur les manifestants, et l’avait baptisé à l’époque «Le général qui a dit non». Or Ben Ali n’a jamais donné aucun ordre à l’armée pour tirer sur les citoyens. Au cours de l’été 2011, dans une vidéo qu’il avait lui-même posté, le même Ayari avait avoué son mensonge et Rachid Ammar, dans une interview, avait démenti les allégations mensongères du futur «dâchouch».

«Dâchouch», par son état d’esprit, par son vocable, par son discours et par la haine qu’il véhicule, et fier de l’être, en pleurant Ben Laden, en appelant au jihad et en arborant le drapeau de Daech. Et ce «dâchouch» a fini dimanche dernier, 17 décembre 2017, par être élu député. Mais voilà que l’un des valets de Moncef Marzouki, l’ancien président par intérim et président du parti Al-Irada, connu pour son arrogance, le lourdaud Tarek Kahlaoui qui réapparaît et qui prend les Tunisiens pour des cons en voulant leur faire croire que le «dâchouch» est un garçon qui vient des rangs de l’extrême gauche.

La réponse si ironique et si subtile vint d’Ali Gannoun moqueur: «Résumons donc, celui qu’on voit sur plusieurs photos drapé dans le torchon noir de Daech et celui qui est émerveillé par Ben Laden est un adepte de Trotski, Mao et Marx, et on ne le sait pas! Pauvre de nous!!! Mystère et boule de gomme, nous n’avions rien vu, pourtant c’était clair: l’épée de Daech est bien la faucille de la gauche et « Lè ilaha illa Allah » est son marteau»?

Le «dâchouch» Yassine Ayari, qui vit à l’étranger pour échapper aux poursuites judiciaires dont il fait l’objet, a pu se présenter aux élections et maintenant élu, il rentrera pénard au bercail muni de son immunité judiciaire.

Dans quel pays ce cirque peut-il se produire? Et bien dans le pays de la «Révolution du Jasmin» c’est bien possible. Et tant qu’on y est, vu que 2019 n’est pas si loin que ça, pourquoi le dénommé Seifallah Ben Hassine (alias Abou Iyadh) ne se présentera-t-il pas à l’élection présidentielle de 2019 et une fois vainqueur, il rentrera lui aussi au pays avec l’immunité. Et sur le chemin de l’aéroport au Palais de Carthage, il ira faire un bisou au très cher Ali Larayedh, l’ancien ministre de l’Intérieur, qui lui a permis de quitter tranquillement le pays.

La fin d’une alliance hypocrite

Toutefois, il ne faut pas blâmer que le «dâchouch» Ayari, nos politiciens si médiocres en sont pour beaucoup. Car cette élection nous dévoile ceci, bien qu’Ennahdha n’a pas présenté de candidat et qu’il a donné une consigne de vote pour le candidat de Nidaa Tounes, ses sympathisants n’ont pas respecté cette consigne de vote et n’ont pas voté pour le candidat de Nidaa. Certains ont boycotté l’élection et d’autres ont voté pour le candidat Ayari qui est à la fois islamiste et proche de Marzouki, de ce fait il convient parfaitement à ce qu’ils cherchent.

La base d’Ennahdha ne supporte pas Nidaa et ce qu’il véhicule. Elle rejette Nidaa. Elle exècre Nidaa. Et la base d’Ennahdha adore Moncef Marzouki. Par conséquent, même si Rached Ghannouchi et les leaders d’Ennahdha appellent à voter pour un candidat Nidaa, la base ne les suit pas et ne le fait pas. Et c’est bien ce qui s’est passé dimanche soir en Allemagne. Et c’est réciproque pour la base de Nidaa qui exècre Ennahdha et ses dirigeants. De ce fait, cette alliance hypocrite n’a pas de sens et ne peut pas durer vu que les bases des deux partis respectifs la rejettent.

Nidaa Tounes et les génies politiques qui le dirigent ont-ils saisi le message? Pas si sûr. Tant que Hafedh Caïd Essebsi et le caméléon sans foi ni loi qui a mangé à tous les râteliers qui lui sert de conseiller, Borhen Bsaies, seront aux commandes, ceci tardera à venir. Déjà plus de cinq ans depuis la fondation de Nidaa Tounes et déjà trois ans que Béji Caïd Essebsi a été élu président de la république et donc trois ans qu’il a quitté la présidence du parti et toujours pas d’élection interne pour choisir un nouveau président et une nouvelle équipe.

Le feuilleton politique médiocre se poursuit sous nos yeux et n’est pas prêt à prendre fin. Pendant ce temps, le «dâchouch» Yassine Ayari ira rejoindre Imed Daïmi et Samia Abbou sous la coupole du Bardo. Le spectacle promet. Si Mohamed Ennaceur, un des derniers sages que compte cette classe politique, risque de perdre son calme légendaire.

* Juriste.

 

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