Hafedh Caïd Essebsi-Rached Ghannouchi : alliés pour le pire et… pour toujours.
On vient d’apprendre la «séparation» de Nidaa Tounes d’avec les Frères musulmans d’Ennahdha … en vue des élections municipales. Faut-il y croire ?
Par Rachid Barnat
C’est évidement un événement mais qui ne trompe personne et qui, même, met cruellement en lumière le peu de considération que Nidaa Tounes porte aux Tunisiens qu’il prend vraiment pour des imbéciles.
On avait dénoncé à plusieurs reprises, la trahison de Nidaa Tounes et redit les effets dévastateur de cette alliance contre-nature pour le pays et pour la démocratie. Il est inutile d’y revenir.
Une supercherie électoraliste
Ennahdha a fort bien compris que sa position était condamnée par une grande majorité de ceux qui avaient voté pour ce parti islamiste. Si dans un premier temps il a joué la carte d’un islamisme modéré, très vite il s’est rendu compte que cela ne dupait plus grand monde, dont beaucoup savent que le wahhabisme fonde tous les islamismes; et par conséquent vouloir distinguer celui des Frères musulmans des autres, n’est qu’une supercherie électoraliste.
Et depuis, Ennahdha a changé de stratégie et cherche à duper à nouveau les Tunisiens en leur faisant croire à son renoncement à instrumentaliser la religion; puisque lors du congrès de Hammamet, ses cadres avec Ghannouchi en tête affirment la séparation de la politique de la religion; et de ce fait, devenant une alternative à l’islamisme dont les Tunisiens ne veulent pas, ils font croire à une «normalisation» de leur parti. Ce qui une fois de plus n’a pas dupé grand monde, car comment pourrait-il en être autrement quand on sait que les Frères musulmans, depuis presque un siècle, ont fait de la religion et de la charia l’alpha et l’oméga de leur politique. A moins de les renier… et de se renier.
Mais devant le constat de leur rejet par les Tunisiens qu’ils ne parviennent pas à duper avec la soi-disant «normalisation» de leur parti, déçus de surcroît par l’alliance réalisée au lendemain des élections avec Nidaa Tounes, en dépit de toutes les critiques que ce parti avait adressées aux islamistes pendant la campagne, voilà que Nidaa Tounes nous annonce son divorce d’avec Ennahdha !
Comment croire aujourd’hui à cette nouvelle position dont il faut souligner au passage qu’elle ne remet absolument pas en cause l’alliance, le consensus, appelez cela comme vous voulez, au niveau national.
Nouvelle posture , nouvelle imposture
Une posture d’un parti aux abois qui n’est qu’une imposture !
Nidaa Tounes dit, sans rire, aux Tunisiens : Nous sommes des adversaires politiques d’Ennahdha aux municipales de mai 2018 mais nous nous entendons comme larrons en foire sur la politique nationale !
Or, s’il y a un grave problème, c’est bien celui qui concerne la politique nationale dont chacun peut mesurer les échecs patents.
Cette décision, juste avant les élections, est plus que cousue de fil blanc. Une grotesque stratégie que ce parti aurait le culot de rééditer juste avant les élections législatives aussi. Elle est une insulte à l’intelligence des Tunisiens. Cette grossière manœuvre ne fonctionnera pas !
Une nouvelle fois Nidaa Tounes va se trouver dans la situation des alliés des rétrogrades et connaîtra le sort d’Ettakatol et du Congrès pour la république (CPR). Et une fois de plus, c’est Ghannouchi qui aura eu raison de ses «alliés progressistes». Une stratégie payante pour neutraliser ses ennemis en leur donnant le baiser de la mort!
Jamais deux sans trois : après Ettakattol et le CPR, c’est le tour de Nidaa Tounes de se retrouver une coquille vide.
Les autres partis en tireraient-ils une fois pour toute la leçon? Pas sûr, avec une classe politique aux principes fluctuants dont se joue Ghannouchi pour la dévoyer et la corrompre selon son bon plaisir.
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