Le film de Moez Kamoun, ‘‘La sieste du corbeau’’, n’est ni drôle ni passionnant. Indolore et incolore, son récit figé et son jeu quelconque ne suscitent aucune émotion.
Par Fawz Ben Ali
Le Colisée, au centre-ville de Tunis, a accueilli, le soir du vendredi 5 janvier 2018, l’avant-première du nouveau film tunisien ‘‘La sieste du corbeau’’ de Moez Kamoun.
Avec Souhir Ben Amara en tête d’affiche, qui est connue pour sa justesse de jeu, le public s’attendait à un grand film, d’autant plus que la barre a été placée assez haut ces derniers temps avec des films tunisiens d’exception.
La salle était remplie d’artistes (cinéastes, comédiens, hommes de théâtre…), de journalistes, de critiques de cinéma et de cinéphiles assidus, car la sortie de chaque film tunisien est un grand événement.
Après une longue attente d’environ une heure, l’équipe du film était enfin là pour présenter ce long-métrage fiction dont «le tournage était particulièrement épuisant», avouent les comédiens, en ajoutant que «tourner dans le désert en plein été n’est pas chose évidente».
En attendant le film…
Le film s’ouvre sur le quotidien d’un jeune couple marié Fatma et Ibrahim (joués par Souhir Ben Amara et Abdelmonem Chwayet). Propriétaire d’un restaurant au bord de la mer, le couple se voit tout perdre suite à une malheureuse partie de cartes. Dès les premières minutes on est frappé par ce jeu d’acteurs pauvre même pour ces deux grands comédiens qui avaient fait leur preuve dans des films d’exception. Mais il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à dégager dans pareilles séquences juxtaposées sans lien et sans cohérence dramatique. On se dit qu’après tout le film n’a fait que commencer et qu’il va certainement se rattraper au fil des événements.
Le couple décide de partir au désert pour ouvrir un nouveau restaurant touristique et commencer une nouvelle vie, et c’est là qu’intervient le troisième personnage principal du fameux «corbeau», une sorte de charlatan au regard machiavélique qui passe ses journées à chercher de vieux trésors enfouis dans les grottes. Ce dernier se met à envahir la vie du couple en leur promettant de guérir la stérilité de la femme et de partager avec eux l’argent retrouvé.
Difficile à croire, mais ‘‘La sieste du corbeau’’ se résume à cette histoire sans queue ni tête, qu’on aurait pu trouver dans un vieux conte sans intérêt.
Une déception unanime
Les séquences inutiles se suivent et se ressemblent; certains personnages apparaissent et disparaissent sans raison, et on est perdu tout comme l’a été le cinéaste qui est passé à côté de ce qu’il a voulu nous raconter. ‘‘La sieste du corbeau’’ n’est pas non plus un film de comédie ou de divertissement puisqu’il n’est pas drôle, il demeure près d’une heure et demie indolore et incolore avec son récit figé ne suscitant pas la moindre émotion.
Au bout d’une heure, le public qui était venu nombreux s’est montré de plus en plus distrait face à cette histoire cousue de fil blanc; certains sièges ont été désertés bien avant le générique de la fin, et ceux qui se sont montrés patients n’ont pas caché leur déception : le film a carrément été hué !
«Qu’est-ce-que le cinéaste a cherché à nous raconter?»: une question que les spectateurs se sont posée en sortant de cette avant-première pas comme les autres, une question, qui, d’ailleurs est restée sans réponse.
Les réactions ne se sont pas fait attendre non plus sur les réseaux sociaux où le public tunisien averti était unanime pour juger ce film comme un véritable échec.
Heureusement que le cinéma tunisien compte aujourd’hui d’excellentes œuvres en phase avec la réalité du pays et du monde qui nous feront vite oublier des films tels que ‘‘La sieste du corbeau’’, des films dont les cinéastes semblent dépassés par les nouvelles exigences artistiques et les attentes du public qui se montre de plus en plus exigeant.
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