Jeffrey Feltman reçu, vendredi, par Béji Caïd Essebsi.
Ce n’est pas une blague, mais cela fait rire jaune : les Nations Unies se font des soucis quant aux droits de manifester pacifiquement en Tunisie.
Alors que les casseurs nocturnes saccagent les biens publics et privés et font régner la terreur parmi la population, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est fendu d’un communiqué, vendredi 12 janvier 2018, où il appelle les autorités tunisiennes à veiller «à ce que les personnes qui manifestent ne soient pas arrêtées arbitrairement et à ce que toutes les personnes détenues soient traitées dans le plein respect de leurs droits à une procédure équitable.»
Réagissant aux heurts qui ont éclaté au début de cette semaine dans plusieurs villes de Tunisie, en marge d’un mouvement de contestation contre la cherté de la vie, devenue le lot des Tunisiens sept ans après la révolution qui avait emporté le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève : «Nous suivons de près les manifestations dans toute la Tunisie et la réaction des autorités», tout en se disant inquiet du nombre élevé d’arrestations : 778 personnes depuis lundi, dont environ 200 âgées entre 15 et 20 ans.
«Les autorités doivent veiller à ce que ceux qui exercent leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ne soient pas empêchés de le faire. En prévision du 14 janvier, date anniversaire de la révolution de 2011, il est particulièrement important de s’assurer que les manifestants puissent manifester pacifiquement», a ajouté M. Colville.
Le HCDH admet avoir eu des informations (tout de même !) sur «des pillages, du vandalisme et de la violence, y compris des dégâts causés à des commissariats de police et à des magasins» et croit pouvoir appeler «tous ceux qui descendent dans la rue à faire preuve de retenue et de calme» et rappeler aux autorités que «les manifestants pacifiques ne doivent pas être tenus pour responsables ou pénalisés pour les actes de violence commis par d’autres».
Reste que ce vœu pieux dans le pur style des défenseurs des droits humains ne règle aucun problème, surtout que les actes de vandalisme et de pillage n’ont rien de spontané et que les violences sont plutôt subies, jusque-là, par les agents de l’ordre, tenus de respecter leurs obligations républicaines de ne pas recourir à la violence… même pas pour arrêter un groupe de délinquants dévalisant un magasin et y mettant le feu.
Le HCDH a beau exhorter toutes les parties «à travailler ensemble pour résoudre, dans le plein respect des droits de l’homme, les problèmes économiques et sociaux qui sous-tendent les troubles», cela n’aidera sans doute pas les autorités tunisiennes à remettre de l’ordre là où des fauteurs de troubles professionnels (des contrebandiers alliés à des politiciens sans scrupules) sont en train de semer le chaos.
Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, qui se trouvait, hier, en Tunisie, pour rencontrer notamment le président de la république Béji Caïd Essebsi, se verra sans doute exposer par les autorités tunisiennes la réalité de la situation dans le pays, sans le filtre des rapports des organisations de défense des droits de l’homme.
I. B.
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