La petite bourgade de Bargou (Siliana), peuplée de près de 6000 habitants, a vu son lycée secondaire se doter d’un laboratoire informatique.
Par Zohra Abid
Le gouvernement a réservé un budget de 7 millions de dinars tunisiens (MDT) pour la rénovation et la maintenance des équipements des institutions scolaires dans le seul gouvernorat de Siliana, au centre-ouest du pays, mais le secteur privé a mis la main dans la poche, lui aussi, pour contribuer à cet effort national de réforme et de modernisation de l’éducation, un secteur qui souffre de carences majeures et a un immense retard à combler.
Public et privé, la main dans la main
Parmi les opérateurs privés impliqués dans ce programme, l’Arab Tunisian Bank (ATB), qui a mis en place un laboratoire informatique au lycée secondaire Bargou. L’inauguration de ce laboratoire a eu lieu vendredi 12 janvier 2018, en présence de Hatem Ben Salem, ministre de l’Education, et de Férid Ben Tanfous, directeur général de cette banque privée qui se veut une entreprise citoyenne et complètement engagée dans les domaines de la culture, de l’art et de l’enseignement.
Ce jour-là, il a plu des cordes et la circulation était difficile dès la sortie de Mhamdia et Fouchana (gouvernorat de Ben Arous, au sud de Tunis). Dame nature, peu clémente dans cette région tout en massifs et montagnes, n’a pas empêché la délégation officielle d’arriver à l’heure (enfin presque) au lycée secondaire Bargou, situé sur le versant du djebel portant le même nom (1226 m d’altitude) où les randonneurs aiment souvent se rendre.
Élèves et enseignants attendaient impatiemment l’inauguration de ce laboratoire aux couleurs de la banque, gris et rouge bordeaux, où 10 PC, 2 imprimantes et 1 scanner ont déjà été installés.
Vers l’allègement des horaires dans les lycées
Dans son discours inaugural, le ministre a tenu à insister sur la maintenance des équipements dans les institutions éducatives, qui va être renforcée. «Il est inadmissible de laisser traîner les choses à cause de la bureaucratie. Je suis venu ici pour voir de mes propres yeux l’état des infrastructures, des équipements, des cantines, de l’eau potable et de l’électricité», a-t-il lancé, en constatant, navré, l’état lamentable de quelques tables et chaises devant l’une des salles du 1er étage.
Une foule attendait la délégation devant le lycée.
Le ministre a également annoncé qu’il va, y avoir dès la prochaine rentrée scolaire, une réforme radicale des horaires scolaires. Les samedis seront, selon lui, réservés aux activités culturelles et sportives et il y aura un allègement des horaires dans le cours de la semaine. On est aussi en train de travailler sur l’hypothèse de la séance unique. «Le reste du temps sera consacré au soutien scolaire. Ce programme sera mis en place, au départ, dans certains établissements avant sa généralisation au fur et à mesure dans tous les établissements du pays. L’élève est notre seul capital et il a le droit à un environnement sain, encourageant et épanouissant», a-t-il enchaîné.
Hatem Ben Salem discute avec les lycéens.
Une banque au service de l’éducation
Férid Ben Tanfous a déclaré, de son côté, que l’ATB est totalement engagée avec le ministère de l’Education pour rehausser le niveau scolaire des élèves et cela n’est réalisable qu’après avoir mis en place une infrastructure et des équipements adéquats.
L’ATB, qui a déjà inauguré un laboratoire informatique dans un lycée de Majel Bel Abbes, à Kasserine, compte adopter aussi le lycée de Bargou qui, outre l’installation d’un laboratoire informatique, va voir plusieurs de ses salles complètement rénovées. «Ces élèves sont la richesse de notre pays. Nous ne devons pas oublier que l’Etat a beaucoup fait pour nous et il est aujourd’hui de notre devoir d’être reconnaissants. Nous allons l’aider à améliorer les conditions générales dans les établissements d’enseignement. Notre banque s’y est, en tout cas, engagée et a mis tout un programme en ce sens qui s’étendra jusqu’à 2020 et qui prévoit l’intervention dans plusieurs régions», a expliqué le directeur général de l’ATB.
Férid Ben Tanfous entouré de ses collaborateurs: l’école est au coeur des préoccupations de l’ATB.
Ce que souhaitent les villageois
Le lycée secondaire Bargou a été construit dans les années 1980. Il était au départ un collège et il compte, aujourd’hui, 44 enseignants, dont 36 permanents et 9 assurant, parallèlement, des cours au lycée secondaire de la Route de Tunis, construit au lendemain de la révolution de 2011.
Quelque 330 élèves (dont 220 pensionnaires) fréquentent ce lycée. Ces internes viennent de Aïn Boussaadia, Sodga, Aïn Zakkar, Ghar Mé-Elkharroub, Drija, Sidi Amara, Sidi Zid et autres petits patelins éparpillés ici et là sur les routes serpentant les montagnes crevassées par des ruisseaux.
Ferid Ben Tanfous : «Nous devons être reconnaissants à l’école qui nous a construits.»
De quoi vivent les habitants de Bargou? Réponse de notre interlocuteur : «Ici, nous n’avons aucune usine.Tous les villageois vivent des grandes cultures (comme le blé ou l’orge), de la cueillette d’oliviers (mais pas beaucoup) ou encore des cultures maraîchères, et, surtout, des pommes et des cerises». Selon lui, les paysans voudraient ne pas se contenter de l’agriculture traditionnelle et passer vers une agriculture plus moderne, avec davantage de moyens, de savoir-faire et de technicité. «Ainsi, nos jeunes s’attacheront davantage à la région où ils vont sans aucun doute aussi investir quand ils auront terminé leurs études», a-t-il conclu. Et c’est là tout le mal qu’on leur souhaite.
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