Au terme d’un voyage en Tunisie, les enfants de Frédéric Molinier, marin-pêcheur de 49 ans, disparu en mer depuis novembre 2017, lancent un appel à témoins aux Tunisiens.
Par Yüsra Nemlaghi
Les papiers de Frédéric Molinier, parti le 10 novembre 2017, du Port-Camargue (dans le Gard en France) et dont on ignore le sort, ont été retrouvés, en décembre dernier, au large de Bizerte, par Omar, un pêcheur tunisien, qui a contacté une de ses filles via le net.
Ces dernières sont venues en Tunisie, accompagnées de leur jeune frère, le temps d’un court séjour, le week-end dernier, pour récupérer les affaires de leur père et se recueillir en mer, sur l’emplacement même où le bateau du disparu a probablement échoué, au large de Bizerte.
Kapitalis a rencontré les filles de Frédéric qui, dans un moment de douloureuse lucidité, n’écartent pas la possibilité, qui s’impose à elles comme une évidence, que leur papa est probablement mort par noyade, puisqu’elles n’ont plus de ses nouvelles depuis près de 3 mois.
La bonbonne hermétiquement fermée contenant les papiers de Frédéric Molinier, retrouvée au large de la Tunisie.
«Mon papa avait dit qu’il jetterait en mer la bonbonne contenant ses papiers au moindre danger. C’est comme pour nous prévenir. Et on a retrouvé ses papiers d’identité dans la bonbonne retrouvée», a expliqué l’une de ses filles.
Elles ont cependant émis le souhait de récupérer toutes les affaires échouées qui peuvent lui appartenir, et peut-être les aider à retracer le périple du disparu. «On aimerait être sûres qu’il n’a pas souffert et que sa mort n’a pas été longue et douloureuse», disent-elles, inconsolables et presque résignées.
Tania, Laetitia et Cinthia et Rudy se disent déjà reconnaissants envers les Tunisiens, qui les ont spontanément aidés, notamment Omar, mais aussi Saïd, un autre pêcheur qui les a accompagnés lors de leur séjour et les a amenées à Cap Angela et leur a permis d’aller en mer pour une ballade de recueillement. Ils ont aussi remercié les autorités tunisiennes qui se sont montrées coopératives.
«Nous sommes agréablement surprises par cette chaleur humaine et par cette façon naturelle qu’ont les Tunisiens de nous tendre la main et de nous aider dans ce drame. Nous aimerions que cela se poursuive et que l’on nous contacte, s’il y a un quelconque objet retrouvé qui pourrait appartenir à papa », disent-elles, en assurant avoir déjà récupéré une chaussure neuve, pour enfant, de marque française, retrouvée à Cap Angela, et que Frédéric transportait probablement parmi les nombreux cadeaux qu’il avait embarqués et qu’ils se promettait de livrer à une association basée aux Antilles, où il devait se rendre.
Frédéric Molinier sur son voilier.
Les filles du marin expliquent que leur papa est issu d’une famille de pêcheurs et que son déplacement aux Antilles françaises était le voyage de sa vie, un projet qu’il se faisait un plaisir de réaliser après avoir décroché un CDI dans ce département français où il avait souvent séjourné.
Frédéric a disparu en mer, comme un acteur pourrait mourir sur scène, mais la famille a du mal à faire son deuil et voudrait récupérer le maximum d’informations sur le périple qui a tourné au drame à cause, probablement, d’une forte tempête. Etrange coïncidence, deux des filles de Fréderic sont mariées à des Tunisiens, et c’est dans ce pays que les papiers du pêcheur ont été retrouvés.
De retour en France, là où le travail et la famille les attendent, les enfants de Frédéric se disent prêts à revenir en Tunisie, en cas de besoin, et prient les Tunisiens de les contacter au (+336)20.86.03.87 s’ils retrouvent des objets personnels du disparu ou des traces de son voilier.
Frédéric Molinier, perdu en mer en France, ses papiers retrouvés à Bizerte
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