En pleine crise, la championne tunisienne d’escrime,Azza Besbes, dénonce l’abandon dont elle et ses camarades sont victimes de la part des autorités sportives.
Par Hassen Mzoughi
Vice-championne du monde du sabre, en juillet 2017, à Leipzig, en Allemagne, la Tunisienne Azza Besbes est en pleine crise. De passage hier, dimanche 4 mars 2018, dans ‘‘Récap Sport’’, sur les ondes de Mosaïque FM, elle a affirmé qu’elle «n’arrive plus à payer ses dettes en France et n’a aucun soutien financier de l’autorité de tutelle».
La championne tunisienne a subi une opération du poignet en octobre dernier mais elle été contrainte «d’arrêter la rééducation en décembre car incapable de payer son kiné», en ajoutant qu’elle n’a pas touché «la prime du championnat du monde 2017».
Comme si on veut casser les champions
Les escrimeuses tunisiennes évoluant en France ont envoyé leurs programmes techniques depuis décembre 2017 et ces programmes ont été validés par la Fédération tunisienne d’escrime (FTE) puis transmis à l’autorité de tutelle mais depuis, le dossier dort quelque part au ministère. «J’ai appelé à plusieurs reprises, en vain. La ministre de la Jeunesse et des Sports m’a appelée récemment pour me remercier ainsi que ma sœur pour notre hommage à notre mère mais quand je lui ai parlé de mes difficultés, elle m’a répondu que je devais aviser qui de droit pour régler la question. À se demander si on n’est pas au courant de mon dossier», raconte la sportive.
La championne tunisienne ne se fait plus d’illusion tellement elle est fatiguée, dit-elle, de parler du même problème. Elle a même été prise à partie pour son franc-parler. «Je suis triste, poursuit-elle, car je trouve qu’on n’est pas respecté. Comme si on veut casser les champions. Je crois que la gouvernance des affaires sportives reste la même qu’auparavant. J’en pleure des fois en rentrant de l’entraînement, à 10h du soir, par moins 10 degrés. Ma sœur Sarra et Ines Boubakri vivent la même situation difficile en France», alerte cette ingénieure en systèmes d’information, diplômée en 2014 de l’Ecole centrale d’électronique de Paris. Elle finit son mastère spécialisé à l’ ‘École supérieure de commerce (ESCP) de Paris en finance d’entreprise.
Azza Besbes a déclaré qu’elle pourrait arrêter sa carrière. Et pour cause : «Quand il y a des résultats, on est accueilli avec des bouquets de fleurs mais on est abandonné après. Les promesses ne sont pas honorées. Et plus grave, on trompe l’opinion en disant que les sportifs reçoivent leur argent».
Décorée de la médaille du Mérite sportif national
Azza Besbes n’est pas à son premier coup de colère. En juiller dernier, juste après le mondial d’Allemagne, la médaillée de bronze des Jeux Olympiques de Rio 2016 a stigmatisé l’absence de soutien de la FTE et du ministère de tutelle. Elle a notamment critiqué l’absence d’un plan de communication au sein de la fédération pour promouvoir les performances de ses champions, l’escrime étant une discipline sportive représentée par plus d’un champion au plan international, ce qui pose plus d’une question sur la stratégie de la fédération.
Décorée en juillet dernier de la médaille du mérite sportif national par le président de la République, Beji Caid Essebsi, la vice-championne du monde junior 2010 trouve insupportable que «d’une part le ministère de tutelle conclut des contrats à objectifs dans les compétitions internationales et de l’autre n’alloue pas les moyens nécessaires ni les primes à temps», a fait valoir la sabreuse qui s’est classée dans le top 10 olympique trois éditions d’affilée.
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