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Tunisie : Le déficit commercial se creuse de 23,7% en 2017

Le déficit commercial (FOB/CAF) de la Tunisie a atteint, en 2017, un niveau record (-15,6 milliards de dinars), soit un creusement de 2.991 millions de dinars tunisiens (MDT) ou 23,7% par rapport à 2016.

Selon une «Analyse des échanges commerciaux de la Tunisie en 2017», réalisée par les services de la Banque centrale de Tunisie (BCT), la progression des importations a suivi un rythme dépassant celui des exportations (+19,8% contre +18,1%) entraînant le recul du taux de couverture d’un point de pourcentage pour revenir à 68,8%.

L’analyse relève aussi une forte détérioration de la balance énergétique dont le déficit est passé d’une année à l’autre de -2,7 milliards de DT à plus de -4 milliards en relation avec la baisse des ressources énergétiques (-10,7%), la hausse de la demande d’énergie primaire (+5%) et la montée des prix mondiaux du pétrole.

Elle relève également un accroissement notable des achats de produits alimentaires (+22,1%) et le maintien du déficit de la balance alimentaire à un niveau élevé (-1.355 MDT).

Ainsi qu’une amélioration de la performance des secteurs des textile, habillement et cuir (THC, +16,3%), des industries mécaniques et électriques (IME, +20,4%) ainsi que celles des autres industries manufacturières (+15,1%) suite à l’amélioration de la demande étrangère émanant de l’Union européenne (UE).

Et un repli des ventes du secteur des mines, phosphates et dérivés (-1,5%), et ce malgré un redressement notable au cours du dernier trimestre de l’année (+41,2% par rapport à la même période de 2016).

En ce qui concerne les principaux faits saillants ayant marqué l’évolution des échanges commerciaux au cours de l’année 2017, l’analyse souligne les aspects positifs, à savoir la poursuite de la performance des exportations des secteurs des industries manufacturières suite à l’accélération des ventes des secteurs des THC (+16,3% contre +8,3%), des IME (+20,4% contre +15,7%) ainsi que les autres industries manufacturières (+15,1% contre +6,%). Elle souligne aussi l’augmentation des ventes du secteur de l’agriculture et des industries agroalimentaires (+20,9%) en relation, notamment, avec la hausse des ventes des produits de la pêche (+31,9%), des dattes (+14,6%) et d’huile d’olive (+15,7%).

En ce qui concerne les résultats négatifs, l’analyse parle de l’augmentation les achats des produits énergétiques (+39,9%), d’une forte hausse des importations des produits alimentaires (+22,1%) suite à l’accroissement des achats des huiles végétales (+55,9%) et du sucre (+80,3%). Elle souligne également, dans le même contexte, un accroissement des importations des biens de consommation de 15,2% en relation, principalement avec la hausse des achats des produits de textiles et habillements (+19,9%) et des produits pharmaceutiques (+24,1%).

S’agissant de la répartition géographique des exportations totales au cours de l’année 2017, l’UE demeure la 1ère destination des exportations tunisiennes, surtout pour les ventes des produits industriels.

La part des pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) dans les exportations tunisiennes a enregistré, quant à elle, une baisse en relation avec la baisse de celles destinées à l’Algérie (-20,7%).

La part des pays de l’Asie a, pour sa part, connu une légère hausse au cours de 2017 par rapport à 2016, en lien avec la progression des exportations vers les pays de cette zone (+24,1%).

Concernant la répartition géographique des importations totales au cours de l’année 2017, l’analyse de BCT a souligné le maintien de la part des pays de l’UE dans le total des importations (54%) et la baisse de la part de l’Asie (+17,9 contre 19,2% en 2016).

On a également noté le maintien de la part des pays de l’UMA (4,4%) et ce malgré la progression des importations auprès de l’Algérie (+18,4%).

La Turquie (+23,3%) et la Chine (+14,8) continuent à être les principaux fournisseurs de la Tunisie en matières premières et biens de consommation.

En conclusion, la BCT indique que «l’équilibre du secteur extérieur a été fortement affecté depuis 2011 par la poursuite du dérapage du déficit commercial qui a connu un niveau record en 2017 de 15,6 milliards de DT ou 16% du PIB.»

«Dans une conjoncture marquée par une croissance atone, la détérioration chronique de la balance commerciale pourrait avoir des incidences considérables sur la soutenabilité de la dette extérieure du pays», avertit la BCT, qui fait remarquer, par ailleurs, que «le déficit commercial des sociétés résidentes (selon l’optique change) s’est élargi de près de 4,3 milliards de DT comparativement à l’année 2016 pour s’élever à 22,5 milliards de DT, situation qui a impacté notablement le niveau des avoirs en devises et a exercé en conséquence de fortes pressions sur le taux de change du dinar.»

La BCT estime, par conséquent, qu’«une révision profonde du modèle économique devient primordiale afin de remédier aux entraves structurelles qui handicapent la relance des secteurs exportateurs pourvoyeurs de devises et à haute valeur ajoutée.»

Il reste, cependant, à définir les axes et les contours du nouveau modèle à mettre en œuvre et qui apporterait les solutions à la crise endémique actuelle.

I. B.

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